Canon A1Hi

Canon A1-Hi

Le concept A1, décliné maintenant sur le mode Hi-8, n’en finit pas d’étonner. A une excellente prise en main et une optique de qualité, bases de ce caméscope Hi8 non stabilisé Canon, viennent s’ajouter le son hi-fi stéréo et une définition de 420 point par ligne.

Christian Dartevelle – février 1990

VOS CASSETTES Hi8 SONT EN DANGER

Agissez avant qu’il ne soit trop tard

A peine le A1 sorti, sa version Hi-8 apparait déjà sous l’appellation Canon A1-Hi. Les fervents de la marque n’en sont pas encore tout à fait revenus. Ces deux camescopes Hi8 sont de véritables jumeaux : même allure, même boîtier, mêmes fonctions. Seule la technique d’enregistrement des signaux vidéo diffère. Dans le cas du A1-Hi, le traitement des signaux de luminance (Y) et de chrominance (C) s’effectue en composantes séparées alors que le A1 se contente de la technique habituelle des signaux vidéo composites (voir banc d’essai). Ce qui surprend le plus, c’est le prix auquel est commercialisé le Canon A1-Hi : 17.500 F contre 15.000 F pour le A1. L’écart semble mince.

Il ne fait aucun doute que la version Hi-8 possède un attrait supplémentaire, compte tenu de ses performances. C’est en outre le second modèle V-8 à permettre l’enregistrement des signaux vidéo en composantes séparées.  Le premier, rappelons-le, ayant été le Sony CCD-V 900, le concepteur du standard 8 mm.

Entre le A1 et le A1-Hi, l’identité de conception est troublante. Le boîtier n’a pas subi l’ombre d’une retouche. Et c’est tant mieux, car la formule inaugurée pour le A1 s’était révélée d’une grande commodité. Le A1-Hi se manipule en effet comme un véritable boîtier photo « moyen format » et non comme un camescope de poing.

Sûr des performances du CCD ½ pouce équipant le modèle A1, Canon n’a pas jugé utile d’en changer. Et pour cause car cet élément assurait sans difficulté une définition horizontale de 400 points/ligne en sortie de section caméra. Et même un peu plus sur le Hi-8 puisque des mesures très précises nous ont montré que ce capteur développait une définition horizontale effective de 420 points/ligne. Soit un gain de 5 % par rapport à la version standard, dû pour une partie au traitement des signaux vidéo en composantes séparées et pour l’autre à l’utilisation d’une électronique plus élaborée.

Canon A1 Hi

La définition horizontale constitue donc l’un des points forts du capteur CCD monté sur le Canon A1-Hi. Point de mystère à ce sujet, car la cible d’analyse totalise 421.648 pixels répartis sur 584 lignes horizontales, comptant chacune 722 cellules élémentaires. Toutefois le nombre de pixels « utiles » participant effectivement à l’élaboration des images se trouve ramené à un chiffre inférieur, soit 396.924 (682 × 582) Les signaux de synchronisation, d’effacement, de pré et post-égalisation monopolisant quand même quelques milliers de pixels.

Une optique à la résolution remarquable

L’excellente définition des images doit beaucoup à l’optique. Spécialement élaborée par Canon pour les deux versions de l’A1, celle-ci atteint la remarquable résolution de 100 lignes/mm, mesure calculée au centre de l’image. D’ordinaire, on ne dépasse guère 50 à 60 lignes/mm. Les contrastes, également, se situent sensiblement au-dessus de la moyenne. A tel point qu’ils paraissent quelque peu exagérés si l’on compare avec d’autres réalisations moins performantes. Un phénomène que l’amplification vidéo contribue même à accentuer et qui s’oppose à la restitution des demi-teintes en mode d’exposition automatique, lorsque s’affrontent des zones de lumière d’intensité variable.

Commande de gain à verrouillage automatique

Ce camescope propose un système alliant correction manuelle et verrouillage de l’ouverture des circuits de CAG (commande automatique du gain) aux différentes étapes de l’amplification vidéo. Une heureuse initiative qu’il serait souhaitable de retrouver sur l’ensemble des appareils haut de gamme. Toute la valeur du procédé éclate lorsqu’il s’agit d’exécuter un panoramique en présence de fortes variations de luminosité, puisqu’il évite tout effet d’assombrissement de l’image dû à des zones de grande brillance. De même, ce double mode de verrouillage – obtenu lorsque l’on active la touche EXPO – remédie à certains excès de contrastes, en réintroduisant les demi-teintes. La mesure automatique de l’exposition ne le permet pas toujours, sauf si l’on a pris la précaution de bien estimer la valeur des brillances extrêmes. Faute d’observer cette précaution élémentaire, et parce que le verrouillage du diaphragme et de la CAG s’avère très efficace, on risque, précisément dans ces zones de forte lumière, de constater un phénomène de saturation fort désagréable. Celui-ci se traduit à l’écran par des surfaces blafardes, en général bordées de jaune, très caractéristiques.

Interrupteur d'alimentation Canon A1-Hi

La grande sensibilité utilisable (7 lux) est à mettre à l’actif du A1-Hi. Même en faible lumière, le niveau de bruit reste négligeable. Mais toute médaille a son revers. Ainsi sur les réactions du capteur face à des zones ponctuelles très lumineuses se détachant sur fond sombre, quelques réserves s’imposent. Le Canon A1-Hi connaît ainsi l’effet « smear » avec des images striées de bandes brillantes verticales, d’autant plus marquées que la vitesse d’obturation est élevée. En outre, lorsque ces mêmes sources lumineuses présentent une surface importante (l’exemple typique étant la lampe d’architecte, d’où le test du même nom), on constate un autre phénomène désagréable, le « flare », sorte de hâle coloré venant ceinturer la source de lumière. Ce risque existe lorsqu’on tourne de nuit ou en studio avec, dans le champ du camescope, de puissants projecteurs ou lampadaires. Fort heureusement, semblables conditions ne se rencontrent pas si souvent. La fidélité de restitution des couleurs est, dans l’ensemble, satisfaisante. Toutefois, il ne faut pas se montrer trop exigeant du côté des rouges, ces derniers ayant une fâcheuse tendance à virer à l’orange. Très bien saturées en mode Hi-8, les couleurs semblent pâlir en mode 8 mm. Ce qu’il est facile de vérifier lorsque l’on passe de l’un à l’autre. Mais dans l’ensemble, le système de correction de température de couleur remplit bien son rôle, évitant l’apparition de dominantes caractérisées. A titre indicatif, en mode automatique, il couvre une gamme comprise entre 2.800 K (lampe à filament de tungstène) et 8.000 K (ciel couvert). Son atout réside dans la mise en œuvre d’un double dispositif d’analyse. Celui-ci fait appel d’une part à un capteur externe translucide, livrant une mesure d’ambiance, et d’ outre part à une détection TCL réalisée par des éléments du capteur CCD. Assortie d’une pondération, cette double mesure échappe notamment au piège que constitue, pour les seuls dispositifs TCL, le cadrage d’un sujet très coloré et de surface importante. Ici c’est le capteur externe qui garantit une restitution fidèle de la couleur. Ce serait le cas, par exemple, avec une fleur cadrée en gros plan ou avec un coucher de soleil dont les dominantes doivent évidemment être sauvegardées.

Tableau de bord Canon A1-Hi

La solution idéale reste la mémorisation de la température de couleur. Il suffit pour cela de cadrer plein écran une surface blanche éclairée par une source de lumière définie, d’appuyer sur la touche BAB (Balance automatique des blancs), l’appareil étant placé au préalable en mode manuel. On aurait quand même apprécié la présence de valeurs préréglées (lumière du jour, lumière artificielle ou fluorescente). Par ailleurs, un bouchon d’objectif translucide, et non opaque, aurait amélioré cette mémorisation : on ne dispose pas toujours au moment voulu d’une surface uniformément blanche.

Apparu pour la première fois chez Canon sur le A1, le système de mise au point automatique est du type TCL (Through Camera Lens). Ainsi donc l’abandon de l’autofocus à infrarouge, caractéristique des précédents modèles de la marque, se trouve-t-il confirmé.

Deux zones de cadrage

Contrairement à ce qui se passe pour d’autres réalisations, la technique semble réussir au A1-Hi. Elle s’écarte il est vrai du principe d’origine basé sur la seule détection de contraste des scènes cadrées. Ici, en effet, l’autofocus est assisté par un élément piézo-électrique qui identifie très rapidement le point de focalisation optimal. Le temps gagné et la précision de mise au point qui en découle sont substantiels. Néanmoins un seuil minimal d’éclairement demeure nécessaire, faute de quoi le dispositif ne peut accomplir convenablement sa tâche. De toute façon, s’il n’est pas atteint le viseur clignote : impossible de se laisser surprendre ! L’autofocus travaille sur deux zones de cadrage programmables, qui disparaissent du viseur en mode manuel. Mais on peut revenir temporairement à l’assistance automatique, selon la technique dite du « one shoot ». Dans ce cas, le cadre de focalisation réapparaît quelques instants dans le viseur, le temps de la mise au point.

Très bien secondé par l’autofocus, l’objectif du Canon A1-Hi est un macro-zoom dont la variation de focale (8-80 mm) correspond en format 24 × 36 à un zoom 40-140 mm. A noter : la bonne stabilité de prise de vues, y compris sur focale longue.

Télécommande WL-100

La télécommande à infrarouge (WL-100) est fournie avec l’appareil. Elle agit sur la variation de focale du macro-zoom, mais aussi sur le mode de lecture image par image. Grâce à elle, l’écran du téléviseur affiche toutes les informations du viseur. Elle doit être pointée vers le capteur, juste sous le viseur du camescope, dans un angle de 30° de part et d’autre et à moins de 5 mètres. Le voyant « on tourne » s’allume lorsque le signal est transmis. On peut également faire pivoter le viseur de 180° pour télécommander de l’arrière.

Autre originalité, le A1-Hi est l’un des rares appareils du format Video-8 à permettre l’enregistrement de signaux hi-fi stéréophoniques en modulation de fréquence. Autrement dit l’audio fait appel à deux porteuses FM au lieu d’une seule. Le multiplexage des résultantes avec les signaux vidéo et les signaux de synchronisation s’inscrit sur les pistes réservées aux enregistrements PCM. Seuls le camescope Sony CCD V-200 et le magnétoscope Sony EVS800B de Sony relèvent de ce procédé. Moyennant quoi, les enregistrements stéréo réalisés sur le A1-Hi sont lisibles sur tous les appareils mono du format Video-8.

Semblable compatibilité n’est toutefois pas étendue à la lecture des enregistrements vidéo effectués en composantes séparées par le A1-Hi sur les appareils classiques du format Video-8. De tels enregistrements nécessitent en effet d’être relus par des appareils conçus pour le Hi-8, seuls capables de traiter les signaux Y/C dissociés. En revanche, la compatibilité de lecture est totale en ce qui concerne les enregistrements effectués par les appareils Video-8 classiques. On retrouve ici les mêmes limitations d’emploi que pour les appareils VHS et S-VHS, compte tenu que la compatibilité d’exploitation des enregistrements vidéo n’est pleinement vérifiée que dans le sens « montant » Video-8/Hi-8.

Pour exploiter pleinement les possibilités du Hi-8, on doit disposer d’un téléviseur équipé d’entrées Y/C en composantes séparées et donc présentant la fameuse prise « S ».

420 points/ligne

Le A1-Hi comporte quatre prises Cinch. La blanche et la rouge correspondent aux voies audio droite et gauche. La noire délivre des signaux audio monophoniques. Son emploi est normalement réservé au branchement avec le modulateur UHF (normes G/I) qui effectue la liaison avec le téléviseur de contrôle, par son entrée antenne. La Cinch jaune est réservée à la sortie des signaux vidéo composites, multiplexés à l’intérieur de l’appareil. Ainsi peut-on, même dans le cas où l’on a procédé à des enregistrements en composantes séparées sur une cassette de type « ME » (Meta/Evapored) obtenir une compatibilité de lecture sur un téléviseur standard. Certes, la définition horizontale n’atteint pas dans ces conditions les quelque 400 points/ligne autorisés en composantes séparées. Néanmoins on approche tout de même 325 points/ ligne, soit une amélioration non négligeable : de l’ordre de 28 % par rapport aux 250 points/ ligne spécifiques au format Video8. Celui-ci est automatiquement sélectionné quand on charge le A1-Hi avec une cassette de type « MP » (Meta/ Particle) mais doit être choisi manuellement quand on utilise une cassette de type « ME » comportant la fenêtre d’identification commutant normalement les circuits du camescope en mode Hi-8.

Caractéristiques Canon A1-Hi

Section caméra

  • Capteur CCD : ½ pouce – 420 000 pixels
  • Objectif : Macro-zoom – 8-80 mm – f/1,4
  • Mise au point : Automatique (TCL piézo 2 zones) et manuelle
  • Sensibilité : 7 lux
  • Obturateur: 1/50 s, 1/250 s, 1/500 s, 1/1.000 s et 1/2.000 s
  • Viseur : Electronique 0,7 pouce – Orientable

Section magnétoscope

  • Format : Hi-8
  • Standard : Pal
  • Vitesses de défilement : SP : 2 cm/s – LP : 1 cm/s
  • Réponse audio : 40-15.000 Hz
  • Sorties audio-vidéo : Cinch et « S »
  • Dimensions : 14,9 × 15,7 × 25,7 cm
  • POIDS : 1,550 kg (sans batterie) 1,825 kg (avec batterie BP-E718)
  • Autres fonctions : Télécommande à infrarouge – Retardateur et intervallomètre – Enregistrement programmable – Générateur de caractères – Enregistrement/lecture stéréophonique – Fondu au blanc
  • Prix indicatif : 17.500 F (2.668 €)

Les plus

  • L’excellente définition horizontale
  • L’enregistrement stéréophonique
  • Le verrouillage du diaphragme et de la CAG
  • Les performances de l’optique
  • Le fonctionnement de l’autofocus
  • La sensibilité utilisable
  • La télécommande à infrarouge
  • Le rappel sur l’écran TV des indications du viseur
  • L’arrêt sur image sans bandes parasites
  • Le générateur de caractères
  • Le déclencheur à retardement et l’intervallomètre
  • La fonction enregistrement programmé
  • Le commutateur de copie
  • La prise de montage synchronisé (« Control S »)
  • Le concept boîtier photo
  • Le double jeu de commandes ( déclenchement et zoom)

Les moins

  • La tendance à la saturation
  • La sensibilité à l’effet « smear »
  • L’horloge à cycle de 12 heures
  • L’absence d’insertion automatique de séquences
  • Les différences de couleurs entre les modes V-8 et Hi-8

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