Sony EV-S800 B

Sony EV-S800

Jusqu’ici, le format vidéo 8 mm se trouvait en quelque sorte cantonné dans le seul domaine de la prise de vues, autrement dit de la vidéo légère. Un secteur où il s’est du reste très rapidement affirmé, compte tenu de ses nombreuses et évidentes qualités, tant du point de vue des images que du message sonore d’accompagnement, sans oublier la grande autonomie de fonctionnement qui le caractérise, et les possibilités techniques très évoluées, tel l’enregistrement digital – ou numérique – des signaux audio, défini dès le lancement du format vidéo-8 mm.

VOS CASSETTES Hi8 SONT EN DANGER

Agissez avant qu’il ne soit trop tard

Christian Dartevelle – février 1988

Une technologie très au goût du jour, avec le disque compact et les futurs magnétophones « RDAT » (Rotary Digital Audio Tape), qui ne sont en fait que des extrapolations des actuels magnétoscopes, car dotés, comme ceux-ci, de têtes magnétiques rotatives, sans pouvoir toutefois être utilisés pour l’enregistrement et la reproduction des images vidéo. Reprenant à son profit les techniques d’enregistrement numérique des signaux audio, le tout nouveau magnétoscope Sony EV-S 800 B échappe évidemment à cette dernière critique, sa vocation première étant en effet l’enregistrement et la lecture des signaux vidéo, quelle qu’en soit l’origine, et notamment ceux qui proviennent de programmes TV. A ce titre, il se comporte d’ailleurs comme un authentique magnétoscope video 8 de salon – bistandard, qui plus est-, étant donné qu’il est équipé d’un tuner PAL/SECAM, ainsi que, bien entendu, d’un programmateur évolué (six émissions sur trois semaines), n’ayant rien à envier à ses homologues du format VHS. Pas davantage pour ce qui est de la réception des canaux TV, puisqu’il est possible de mémoriser jusqu’à 30 réglages distincts, tant en VHF (y compris les canaux « interbande » affectés à la télévision par câble) qu’en UHF, dans les standards français et européens (PAL/SECAM, normes B,G,H et L) ; les positions 0 à 19 sont réservées aux programmes émis en SECAM, et les positions 20 à 29 sont affectées aux programmes effectués en PAL. Les premières mettent en œuvre un transcodeur SECAM/PAL intégré à l’appareil, l’enregistrement des signaux vidéo s’effectuant exclusivement en PAL pour les matériels destinés à l’Europe. Standard également retenu pour le modulateur UHF (canaux E 30 à E 39, norme G) incorporé au magnétoscope et destiné à attaquer directement le téléviseur associé (obligatoirement un modèle PAL ou PAL/SECAM), par l’intermédiaire de sa prise d’entrée antenne, si l’on ne veut pas faire usage de la prise péritélévision.

Les possibilités de l’enregistrement PCM

Si les techniques et performances de l’enregistrement audio sont communes au camescope CCDV90 et au magnétoscope EV-S 800 B, celles qui découlent du PCM (Pulse Code Modulation}, que l’on appelle encore MIC (Modulation d’impulsions Codées), sont spécifiques ou seul magnétoscope EV-S 800 B.

Désignée également par le vocable « digital » (ou numérique), la technique PCM consiste à découper les informations audio que l’on veut enregistrer en série de fines « tranches », ou impulsions, d’amplitude représentative des signaux analogiques originaux. Impulsions qui, toutefois, ne sont pas utilisées -directement, car elles seraient notamment trop sensibles aux « bruits • et distorsions de toutes sortes en raison de leur caractère discontinu. Aussi leur fait-on correspondre un signal numérique constitué de combinaisons d’éléments binaires (ou « bits ») porteuses d’informations définies par deux états, 0 et 1, permettant de « chiffrer » l’amplitude exacte de chacune des tranches du signal analogique.

Ce signal numérique constitué d’une succession de « bits » n’est donc affecté ni par les bruits ni par les distorsions, ni par les pertes de transmission, du moins tant que ces phénomènes redoutés ne dépassent pas certaines valeurs limites. On peut ainsi l’enregistrer sur bande magnétique sans se soucier de son bruit de fond ni d’éventuels « drop-out » représentatifs de pertes de niveau ; puis, après traitement adéquat, retrouver au moment de la lecture le son originel, vierge de toute altération.

Ce à quoi ne peuvent prétendre les enregistrements audio analogiques caractéristiques des magnétoscopes ou camescopes classiques, où les signaux sonores sont convertis en informations magnétiques que l’on s’efforce de maintenir aussi analogues que possible aux informations électriques émanant des microphones de prises de son qui leur ont donné naissance.

Pistes sur l'EV-S800

Plusieurs opérations sont nécessaires pour transformer en impulsions numériques d’égale largeur les signaux audio destinés à un enregistrement PCM, tel qu’on peut le réaliser à partir du magnétoscope Sony EV-S 800 B. La première de ces opérations consiste, ainsi que nous l’avons déjà souligné, à découper les signaux audio analogiques en « tranches » plus ou moins fines, d’égale largeur. C’est la phase dite d’échantillonnage, ou cours de laquelle on fait appel à une fréquence de découpage qui, en théorie, doit être au moins égale au double de la fréquence la plus élevée contenue dons le signal audio à traiter. Ainsi, pour restituer un signal audio allant de 20 Hz à 15.000 Hz il convient de prendre une fréquence de découpage qui ne soit pas inférieure à 2×15.000 Hz soit 30.000 Hz. Dans le cas du magnétoscope EV-S 800 B, celle-ci est très précisément égale à 31.270 Hz, ce qui signifie que l’on peut, sur cet appareil, reproduire sans difficulté une fréquence audio maximale égale à 31.270 : 2, soit 15.635 Hz ; cette valeur est du reste confirmée par les tests et correspond par ailleurs à la fréquence de balayage lignes du standard TV PAL.

La seconde des opérations de traitement du signal audio à numériser porte le nom de quantification, et consiste à segmenter en un certain nombre de paliers – ou pas élémentaires – les « tranches » du signal préalablement échantillonné. Ces paliers servent à traduire les variations d’amplitude extrêmes du signal audio définissant sa dynamique, et dont la quantité est fonction du nombre d’éléments porteurs d’information (bits) retenu pour le codage proprement dit ; laquelle est égale à 2″-1, n étant le nombre de « bits » du système.

Un nombre que l’on a intérêt à choisir aussi élevé que possible (de 8 à 16 en pratique), étant donné que le rapport signal/bruit final se trouve amélioré de 6 dB chaque fois que l’on progresse de 1 bit. Donc un système à 14 bits, le rapport signal/bruit théorique du message audio est donc égal à 16×4 = 84 dB, et passe à 16×6 = 96 dB pour un système à 16 bits ; c’est le cas du disque compact, par exemple, réalisé selon ces techniques. Toutefois, moyennant certaines astuces, telles que la qualification non linéaire, retenue par exemple sur le magnétoscope EVS 800 B qui, pourtant, ne fait appel qu’à un système à 8 bits, il est parfaitement possible de parvenir en ce domaine à des résultats équivalents à ceux de systèmes à 16 bits, car on atteint dans ce cas 90 dB.

D’un point de vue pratique, les signaux audio PCM sont, dons le cas du magnétoscope EVS 800 B, enregistrés par les têtes vidéo rotatives en bout de chacune des pistes obliques décrites par celles-ci sur la bande magnétique, où elles n’occupent alors que le 1/6e de la largeur de bande, les 5/6e restants étant réservés à l’enregistrement des images vidéo et des signaux FM du son d’accompagnement, multiplexés entre eux. En revanche, lorsque ce magnétoscope est utilisé exclusivement pour l’enregistrement de signaux audio numérique, la totalité de la longueur des pistes (soit 6/6e) parcourues par les têtes rotatives est consacrée à l’enregistrement audio stéréophonique.

Sachant qu’il est possible dans ce mode d’utilisation d’enregistrer sur chaque 1/6e de piste jusqu’à 3 heures de programmes (cas d’une cassette vidéo PS-90 défilant à demi-vitesse), on peut donc bien totaliser 6 fois 3 heures d’ enregistrement audio stéréo de qualité hif-fi : une performance jusqu’à présent inégalée.

Trois magnétoscopes en un

Les possibilités du magnétoscope Sony EV-S 800 B dépassent celle de l’appareil de salon bi-standard haut de gamme. C’est aussi un magnétoscope de montage très perfectionné, pouvant, à la demande, se transformer en enregistreur-lecteur audio numérique. Sa capacité de stockage est sans équivalence sur le marché, puisqu’il est possible d’enregistrer en PCM (Pulse Code Modulation), c’est-à-dire en digital, jusqu’à 18 heures de programmes hi-fi sur une simple cassette vidéo P5-90 en mode LP (Long Play) ; soit 6×3 heures de programmes stéréophoniques d’une qualité comparable à ce que l’on obtient avec un disque compact. Avec, en plus, la possibilité d’affecter à chaque séquence musicale enregistrée un numéro d’identification (index) compris entre 0 et 99, destiné à la recherche automatique de la plage correspondante.

Conséquence pratique du recours aux techniques d’enregistrement numérique, le magnétoscope EV-S 800 B est également le seul appareil du marché à permettre, lorsqu’il est utilisé en magnétoscope, la réalisation du doublage sonore audio (dubbing) en digital et en stéréophonie : une particularité qui sera très appréciée de ceux qui sont concernés par le montage vidéo, pour lequel ce magnétoscope a été tout spécialement conçu. A cet effet, il dispose de vastes possibilités lui conférant une souplesse d’utilisation peu commune qu’on ne rencontrait, jusqu’à ce jour, que sur des tables de montage et magnétoscope professionnels autrement onéreux. Cette souplesse d’utilisation repose sur l’utilisation de deux organes de commande dont l’apparence n’est pas sans évoquer les réglages de gain et de balance des amplificateurs hi-fi, puisqu’ils font appel à deux boutons rotatifs disposés concentriquement : le bouton central permettant de faire varier image par image en avant comme en arrière la lecture des images préalablement immobilisées dans le mode « pause » ; la couronne circulaire, disposée autour du premier, autorise la modification continue de la vitesse de lecture avant/arrière. D’où une très grande facilité, dans le cas de montage ou d’insertion de séquences, à déterminer avec précision leur point d’entrée et le point de sortie.

Stabilité des images, souplesse d’assemblage, son stéréophonique

Il est bien certain que, pour procéder à l’assemblage ou à l’insertion de séquences, il faut partir de la lecture d’enregistrements existants. Lesquels peuvent provenir, par exemple, d’un camescope CCD-V90, relié au magnétoscope EV-S 800 B de deux façons : d’une part, au niveau des sorties/entrées audio/vidéo de ces deux appareils ; d’autre part, au moyen d’un câble d’interconnexion spécifique qui, lors de l’enfoncement, sur le magnétoscope, d’une touche adéquate (SYNCHRO-EDIT), permet de déclencher simultanément le camescope (lecture) et le magnétoscope (enregistrement), de manière à réaliser soit l’assemblage, soit l’insertion de séquences en parfait synchronisme. Sur le magnétoscope CCD-V90 utilisé en tant que lecteur, cette opération doit être précédée de la mise en action de la touche EDIT (située sous l’appareil au niveau du compartiment de la pile au lithium) pour compenser les pertes de signal intervenant normalement lors d’un transfert de bande à bande magnétique. Utilisé en tant que magnétoscope, le EVS 800 B procède à l’enregistrement des signaux audio d’accompagnement de deux façons : d’une part, en modulation de fréquence (FM) et en monophonie, sur les mêmes pistes que celles affectés aux signaux vidéo, occupant les 5/6e de la largeur de la bande magnétique ; d’autre part, en modulation d’impulsions (PCM), c’est-à-dire en numérique, et en stéréophonie, sur une piste spécifique représentant le 1/6e restant de la largeur de la bande magnétique.

Télécommande Sony EV-S800

L’enregistrement audio PCM est prévu dans trois cas : lorsque le sélecteur d’entrée est commuté sur SIMUL, sur LINE, et en situation de doublage audio (dubbing).

Le premier cas est spécialement étudié pour l’enregistrement des programmes télévisés, notamment les émissions musicales, retransmises simultanément en stéréophonie sur les stations radio travaillant en modulation de fréquence (France-Musique).

Dernière particularité, et non des moindres, le EV-S 800 B, utilisé, par exemple, en liaison avec une caméra vidéo (ou un camescope) peut être mis à profit pour réaliser des animations, voire des dessins animés, puisqu’il se prête à des séquences d’enregistrement automatisées de très courte durée qui correspondent, à peu de choses près, à des prises de vues image par image (huit très précisément) : elles sont obtenues, en mode pause, lorsqu’on réactive la touche enregistrement autant de fois que souhaité : une possibilité qui étend considérablement le champ d’applications de cet appareil et convient fort bien à la vidéo de création.

Un outil difficile à égaler

Tant pour les magnétoscopes au format 1/2 pouce que pour les futurs magnétophones « R-DAT », le EV-S 800 B se présente comme un très sérieux concurrent et rival. C’est ainsi que les premiers auront fort à faire pour se hisser à son niveau d’excellence, notamment au plan de la qualité des images : sa définition horizontale est de 275 points/ligne, contre 240/250 points/ligne en format 1/2 pouce dans le meilleur des cas actuellement. Par ailleurs, excepté sur les modèles hi-fi, la réponse audio des appareils 1/2 pouce demeurera dépassée, comparée à celle caractérisant le Sony EV-S 800 B qui bénéficie des avantages inhérents à la modulation de fréquence et, à plus forte raison, de ceux apportés par les techniques numériques.

D’autre port, sa capacité à d’enregistrer aussi bien les signaux vidéo en standard PAL que ceux du standard SECAM, quelle que soit leur origine (tuner de l’appareil, magnétoscope, caméra, celles-ci grâce au transcodeur SECAM/PAL intégré) lui confère une totale compatibilité d’emploi en liaison avec les sources vidéo aux normes SECAM, et notamment dans le cas de transfert de ces signaux sur les cassettes vidéo du format vidéo8 mm.

Quant aux magnétophones numériques « RDAT », ils paraissent dès à présent quelque peu dépassés par rapport aux possibilités qu’offre le magnétoscope EV-S 800 B, ne serait-ce que du point de vue capacité de stockage ; une seule cassette P5-90 permet en effet d’effectuer 18 heures d’ enregistrements audio – contre seulement deux heures maximum pour les appareils « R-DAT » -, tout en bénéficiant de tous les avantages spécifiques aux techniques numériques : une large bande passante (20-15.000 Hz) , une grande dynamique (90 dB), un très faible niveau de bruit et des fluctuations à la limite du mesurable (0,005 %). Avec, en plus, la possibilité, grâce au système d’indexation déjà évoqué, de retrouver facilement et rapidement les séquences enregistrées de son choix.

Ce sont là, n’en doutons pas, des arguments qui pèseront lourd dans la balance au moment du choix et de la décision d’achat.

Caractéristiques Sony EV-S800 B

Section tuner

  • Standard : PAL/SECAM
  • Norme : B, G, H et L
  • Programmation : 6 émissions/3 semaines
  • Sécurité mémoire : oui
  • Canaux préréglables : 30

Section magnétoscope

  • Format : Vidéo 8 mm
  • Standard : PAL
  • Vitesse de défilement : 2,005 cm/s (SP); 1,005 cm/s (LP).
  •  Définition horizontale: 275 points/ligne
  • Réponse audio: 40 – 14.000 Hz
  • Modulateur :
    • UHF standard : PAL
    • norme : G
  • Sorties audio-vidéo : Prises CINCH
  • Dimensions (L×P×H) : 43×32,8×8,9 cm
  • Observations : Tambour d’analyse à 4 têtes et double azimut ; tête d’effacement vidéo flottante ; fonction relecture automatique ; mise hors tension assurée par minuterie ; enregistrement

Les plus

  • Le tuner PAL/SECAM, interbande
  • La capacité de programmation
  • Le nombre de canaux préréglables
  • La simplicité des réglages
  • Le chargement par tiroir motorisé
  • La stabilité des images
  • La définition horizontale
  • L’arrêt sur image et le ralenti sans parasites
  • La souplesse de l’assemblage et de l’insertion de séquence
  • La précision du repérage des images au montage
  • La qualité sonore en monophonie (FM)
  • Le doublage audio en mode numérique (PCM)
  • L’enregistrement hi-fi en stéréophonie simultané
  • Les possibilités d’enregistrement en mode numérique
  • Les 18 heures d’autonomie en utilisation magnétophone hi-fi
  • Le dispositif de recherche à indexation
  • L’utilisation multi-usages
  • La compatibilité Canal +

Les moins

  • Le modulateur UHF aux seules normes PAL
  • L’utilisation de prises CINCH pour les entrée/ sortie vidéo
  • La complexité de certaines manipulations

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