ITT VR-3938 S

ITT VR 3938 S

Faudra-t-il inventer une nouvelle appellation pour définir les fabricants européens de magnétoscopes VHS digitaux ? Le ITT VR-3938 S est l’aboutissement éclatant de cette lignée. Sa fonction « enregistrement » paraît factuelle face à ses effets de zoom, de solarisation, de visualisation multiple. Il s’agit d’un manipulateur d’images.

Christian Dartevelle – Octobre 1988

Depuis quelque temps, un vent de renouveau souffle sur les magnétoscope avec la « digitalisation » – ou numérisation – des images vidéo. Une technique aujourd’hui parfaitement maîtrisée, qui repose sur la mise en œuvre des mémoires de trame, à partir desquelles il est possible d’obtenir de très nombreux effets visuels, allant du simple arrêt sur image à l’effet de zoom, en passant pas la solarisation ou la visualisation multiple. Possibilités offertes par le magnétoscope VR-3938 S Digital ITT. Il conviendra aussi pour la numérisation de cassette VHS.

Classiquement, sur un magnétoscope, lorsque l’on désire obtenir un arrêt sur image de qualité – c’est-à-dire sans bandes parasites – on fait appel à un tambour d’analyse comportant trois têtes vidéo tournantes au lieu de deux, afin de pouvoir lire deux fois la même trame enregistrée. La tête supplémentaire est dotée d’un entrefer avec un angle d’azimut orienté dans le même sens que celui de la tête lui faisant face sur le tambour. Elles sont appelées, toutes deux, à explorer la même piste vidéo.

Mémoire de trame et effet stroboscopique

D’un point de vue pratique, cette tête supplémentaire est habituellement combinée avec l’une des deux têtes du tambour d’analyse, qui comporte alors deux entrefers caractérisés par des angles d’azimut opposés, d’où la mention « double azimut ». Réservée aux appareils haut de gamme, cette formule d’une grande précision sur le plan réalisation technique n’est pas la seule envisageable. En effet, il est désormais possible de lui substituer le stockage des signaux correspondants dans une mémoire numérique, dite de trame, où ils sont donc « digitalisés ». Cette solution a été retenue pour le VR-3938 S.

Elle permet notamment d’obtenir des images d’une fixité idéale grâce à la digitalisation des signaux ainsi stockés. De plus, ce système offre des possibilités inconnues jusqu’alors sur les magnétoscopes grand public en matière de traitement des images.

Deux autres mémoires sont toutefois nécessaires pour gérer les effets, rendus possibles par la numérisation des signaux vidéo. Outre  l’arrêt sur image et le ralenti, le VR-3938 S intègre : la lecture stroboscopique ; la visualisation simultanée de plusieurs programmes TV ; la représentation multiple (9 fois) d’une image figée ; la visualisation simultanée d’images (9) dans le cas d’une recherche de séquences indexées ; l’incrustation d’une image dans une image ; le grossissement de sections d’images (zoom) ; la mosaïque d’images et la solarisation.

Visibles en temps réel sur l’écran du téléviseur raccordé au VR-3938 S, tous ces effets peuvent, si on le souhaite, être conservés en reliant la sortie vidéo de l’appareil à un autre magnétoscope, utilisé en mode ENREGISTREMENT, ce qui est le cas quand on procède à un montage.

Conversion des signaux numériques

Cette manipulation ne soulève aucune difficulté : les circuits du VR-3938 S assurent la conversion des signaux numériques en signaux analogiques qui peuvent donc être enregistrés sur n’importe quel magnétoscope standard, sans aucune transformation intermédiaire. Cette possibilité ouvre évidemment la voie à un vaste champ d’applications, dont certaines sont spectaculaires. Elle permet aussi une créativité pratiquement sans limites. Certains de ces effets se prêtent d’ailleurs mieux que d’autres à la création artistique comme l’image mosaïque et la solarisation, sans oublier la représentation multiple d’une image figée, à condition de l’utiliser à bon escient.

Touches de fonction digitales ITT VR 3938 S

Le grossissement de sections d’images, autrement dit le zoom, peut porter soit sur la zone centrale de l’image soit sur une zone délimitée dans l’un des quatre angles de l’écran du téléviseur de contrôle. Dans le premier cas, il peut être de 4, 9 ou 16 fois, avant de revenir au rapport 1/1 (image normale). Dans le second cas – le centre de l’image étant déjà soumis à un grossissement  donné – la sélection, à partir de la télécommande, fait automatiquement passer l’agrandissement de ce quart de l’écran au rapport 4/1, le mieux adapté en pareil cas.

L’incrustation d’une image dans l’image (Picture in Picture ou P in P) constitue un des autres attraits du traitement numérique des signaux vidéo. Cette fonction permet d’afficher simultanément, sur l’écran du téléviseur de contrôle, deux images provenant de deux sources de signaux différentes.

Tous les programmes TV sur un seul écran

Par exemple : une image émanant d’un programme TV, dans l’angle de laquelle vient s’incruster, en format réduit, une seconde image obtenue à partir d’une cassette vidéo en cours de lecture.

Mais il est également possible de remplacer l’image provenant d’un programme TV, par une image issue d’une autre source – caméra vidéo, magnétoscope, etc. – raccordée à la prise péritel réservée à cet usage. L’image grand format et l’image petit format incrustée peuvent permuter à tout moment. A noter que c’est toujours le son d’ accompagnement de l’image grand format qui est audible. Comme précédemment, l’image vient s’incruster dans l’un des quatre angles de l’écran, afin de masquer le moins possible la zone d’intérêt principal de l’image grand format : ce positionnement est obtenu à partir des touches de la télécommande, l’image incrustée pouvant, en outre, être figée temporairement si on le souhaite.

Différent du ralenti, réalisable uniquement en mode LECTURE, l’effet stroboscopique peut être appliqué – tout comme l’arrêt sur image – aux signaux vidéo émanant soit d’une cassette soit d’un programme TV.

Cet effet stroboscopique procure un échantillonnage plus ou moins rapide des images visualisées (variations ajustables entre 0, 1 s et 1 s), mais sans que soit supprimé pour autant le son d’accompagnement. On obtient ainsi une succession d’images fixes de très grande qualité, véritable décomposition du mouvement.

Avec la visualisation d’images multiples, divisant la surface de l’écran en neuf zones d’égale grandeur, plusieurs possibilités sont offertes à l’utilisateur. En premier lieu, la multiplication d’une image provenant soit d’une cassette, soit d’un programme TV ou d’une autre source vidéo. Cet effet se déroule sur la zone centrale de l’écran alors que les huit autres zones affichent des images figées de cette même source, se succédant séquentiellement, et de façon automatique, à une vitesse que l’on peut modifier à son gré. Le deuxième mode de visualisation d’images multiples concerne l’affichage séquentiel, dans les neuf zones de l’écran, des images figées en provenance des programmes TV captés par le tuner du VR-3938 S. Il est ainsi possible d’obtenir, d’un seul coup d’œil, une vue d’ensemble des programmes TV en cours et, en conséquence, de sélectionner celui de son choix à partir de la télécommande.

Signalons que le fait de solliciter une deuxième fois la touche TV, qui commande ce mode de visualisation, a pour effet d’appeler à l’écran une seconde série de neuf chaînes TV pour peu que celles-ci aient pu être effectivement mémorisées ; cas de figure réservé pour le moment aux appareils liés à un réseau de télévision par câble.

Trente deux chaines pour une seule mémoire

Il existe un troisième mode de visualisation d’images multiples, essentiellement destiné à l’identification rapide des séquences enregistrées sur une même cassette vidéo. Lors des opérations de recherche/visualisation, chaque début de séquence est affiché à l’écran pendant 5 secondes, puis figé dans une des neuf zones de l’écran. Après quoi, le magnétoscope repart en recherche automatique. Le cycle d’affichage reprend à partir de la dixième séquence.

Tous les effets obtenus par la numérisation des images ne doivent pas pour autant faire oublier que le VR-3938 peut aussi s’utiliser comme un magnétoscope normal. Il est équipé d’un tuner à synthétiseur de fréquences, permettant la recherche automatique des diverses chaînes TV captées dans la zone de réception. Quelque 32 chaînes peuvent de la sorte être mises en mémoire. Et cela aussi bien en VHF (bandes I et III) qu’en UHF  (bandes IV et V), y compris les canaux spéciaux affectés à la télévision par câble (B à P : 70-86). Même souplesse pour la programmation des émissions hertziennes, puisqu’il est possible de mémoriser six enregistrements différents et ce jusqu’à un an à l’avance, à partir de la télécommande.

En mode LECTURE, on dispose évidemment de l’arrêt sur image, de l’avance image par image, ainsi que du ralenti (ajustable entre le 1/5 et le 1/25 de la vitesse normale) obtenus par numérisation des signaux de trame, et avec la précision que l’on sait.

La recherche rapide de séquences est, quant à elle, classique, encore qu’elle puisse être combinée, nous l’avons vu, avec la visualisation d’images multiples.

Les signaux de repérage sont utilisés également pour la recherche séquentielle des débuts de séquences enregistrées : ce qui est du ressort du VIS (VHS Index System), ou recherche par index. A ne pas confondre avec le dispositif de recherche VASS (VHS Address Search System) qui permet de retrouver une séquence déterminée, dont le numéro (l’adresse) – attribué au moment de l’enregistrement – est ensuite repéré par les circuits du magnétoscope en mode de recherche rapide.

Dernière possibilité de recherche des séquences enregistrées, de type temporelles celle-là : l’avance (ou le retour) rapide, obtenue en entrant directement la durée estimée de la séquence, exprimée en heures et minutes. C’est la fonction GO TO, qui doit toutefois être assortie du sens dans lequel la recherche rapide doit être effectuée.

Dernière particularité méritant d’être mentionnée, l’affichage de la durée de la bande magnétique qui reste encore à utiliser dans les cassettes vidéo. Précisons qu’il s’agit ici de bandes magnétiques de longueur usuelle. Seules les longueurs intermédiaires – E.195, E.210, etc. – nécessitent l’aide des touches numériques du magnétoscope ou de la télécommande.

Performant, caractérisé par une souplesse d’utilisation peu commune, et notamment la parfaite maîtrise des techniques numériques, le VR-3938 S est certainement un des appareils les plus intéressants qu’il nous ait été donné de tester récemment. A ce titre, il préfigure les magnétoscopes de demain, qui ne seront plus cantonnés dans l’enregistrement et la lecture des programmes TV mais de plus en plus utilisés à des fins créatrices.

Caractéristiques ITT VR-3938 S

Section tuner

  • Standard : Secam
  • Norme : L-L’
  • Programmation : 6 enregistrements jusqu’à 1 an à l’avance
  • Sécurité mémoire : 1 heure
  • Canaux préréglables : 32

Section magnétoscope

  • Format : VHS
  • Standard : Secam
  • Vitesse de défilement : 2,34 cm/s
  • Définition horizontale : 240 points/ligne
  • Réponse audio : 40/10.000 Hz
  • Modulateur UHF
    • Standard Secam
    • Norme L
  • Entrées/sorties audio-vidéo : Péritel (2 prises)
  • Dimensions (L×P×H) : 420 × 89 × 371
  • Autres fonctions : Effets vidéo par traitement numérique des images ; tuner à synthétiseur, interbande (réseaux câblés) ; affichage du temps restant ; recherche de séquences par index ou par adresse ; comptabilité Canal Plus ; circuits « HQ »
  • Prix indicatif : 7.990 F (1.204 €)

Les plus

  • Les nombreuses possibilités offertes par le traitement numérique des signaux
  • La grande souplesse d’utilisation
  • La simplicité de mise en œuvre
  • L’aspect créatif de certaines fonctions
  • La présence de circuits « HQ »
  • Le tuner prévu pour la télévision par câble
  • La compatibilité Canal Plus
  • La double prise péritélévision
  • La sécurité mémoire (1 h)
  • Le mode de répétition (5 fois) des séquences présélectionnées.

Les moins

  • Les entrées/sorties AN uniquement sur prise péritel
  • La sensibilité « moyenne » du tuner
  • L’absence de fonction « Insertion »

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