Canon A1

Canon Canovision A1

On nous avait alléché en annonçant la sortie d’un caméscope video 8 Canon exceptionnel. Canon nous avait tenu en haleine par un formidable embargo sur l’information. On nous réservait une belle surprise. Avec le Canon A1, un concept tout à fait nouveau vient de naître.

Chistian Dartevelle – septembre 1989

Le parti est audacieux. Il pourra frustrer les vidéastes attachés à l’esthétique des caméras vidéo souvent inspirée de leurs grandes sœurs « broadcast ». Il risque d’agacer les photographes intégristes, ainsi dépouillés de l’aura du sacro-saint boîtier reflex 24 × 36. Quoi qu’il en soit, l’étonnement ou la méfiance font vite place à la curiosité puis à l’admiration. Il se prend en main comme un camescope traditionnel, sur le côté, ou comme un boîtier moyen format. Toutes les commandes enregistrement sont doublées. La prise en main style « photo » donne  une étonnante stabilité, nécessaire avec le zoom 10×, correspondant à un 40-400 mm en format 24 × 36, dont il est équipé. Cette optique, conçue spécialement pour ce modèle, se révèle merveilleusement efficace. Ajoutez à ces qualités une télécommande infrarouge pouvant piloter grâce à un ingénieux système la caméra de face ou de dos. Cela valait la peine d’attendre. L’hybride a les yeux bleus.

Au premier coup d’œil, le tout récent camescope Canon A1 évoque, c’est indiscutable, un appareil photo reflex moyen format. Sa forme permet d’ailleurs deux types de prise en main : la première, tout à fait classique, est celle de l’appareil de poing ; la seconde, très inhabituelle pour du matériel vidéo, style appareil photo.

La disposition du logement des cassettes à l’arrière du boîtier, face à l’utilisateur, a permis de réduire de beaucoup la longueur hors-tout du camescope. Les principales commandes d’enregistrement (déclencheur et touches du macrozoom électronique) ont été doublées et sont donc disponibles sur la parties postérieure du camescope. La similitude avec les boîtiers photo s’en trouve renforcée.

Section audio

A l’usage, ce procédé ne comporte que des avantages : la stabilité et la prise en main s’avèrent bien supérieures aux modèles à portage latéral. Tenu comme un appareil photo, le tournage devient moins fatigant, toute flexion du poignet étant supprimée. L’appareil comporte aussi une bride de maintien.

Canon Canovision A1 coté droit

Simple, mais encore fallait-il y penser. En tout cas, voilà qui nous fait sortir des sentiers battus et qui sera certainement très prisé par tous ceux que rebutent les appareils de poing de conception traditionnelle avec lesquels la main droite doit être cambrée vers l’extérieur pour maintenir la position horizontale.

Autre originalité du caméscope A1, et non des moindres : la section audio est conçue, c’est une première en V-8, pour réaliser des enregistrements hi-fi stéréophoniques FM. Pas de pistes PCM, mais deux porteuses modulées en fréquences qui transportent les signaux audio multiplexés avec les signaux vidéo et synchro présents sur les pistes vidéo normales. D’où la possibilité de maintenir une totale compatibilité de lecture de ces signaux audio sur les appareils prévus pour la monophonie.

L’appareil possède trois sorties audio : deux pour les signaux stéréophoniques (voies gauche et droite) une séparée pour les signaux monophoniques résultant du mélange des précédents. Cette dernière s’avère indispensable lorsque l’on choisit soit d’effectuer un montage vidéo sur un magnétoscope monophonique ; soit de réaliser une liaison vers un téléviseur de contrôle au moyen du modulateur UHF (RU-E 3) prévu à cet effet, et qui ne comporte qu’une entrée monophonique. Parmi les particularités, on peut citer la possibilité de piloter les principales fonctions du camescope au moyen d’une télécommande infrarouge : une formule déjà adoptée sur les précédents modèles (E-708, E-77 et E-808). Mais, cette fois-ci, la télécommande peut agir en étant placée derrière le camescope : il suffit de faire pivoter verticalement sur 180° le viseur électronique à l’avant duquel est situé le capteur infrarouge. Concernant l’utilisation pour numériser une cassette de caméscope, le Canon A1 est bien adapté puisqu’il est pourvu de sorties audio et vidéo et permet de contrôler les images de la cassette 8mm dans le viseur pendant la lecture.

Totalement nouvelle sur un camescope, la fonction d’enregistrement programmé permet de faire démarrer automatiquement un enregistrement au moment voulu. Son intérêt est loin d’être négligeable, notamment en matière de surveillance. L’heure et la date s’affichent en surimpression sur les images enregistrées, grâce à l’horodateur intégré.

L’intervallomètre autorise, quant à lui, l’enregistrement de brèves séquences ( ½ seconde) toutes les 10, 20 ou 60 secondes, pour une durée maximale de six heures. Il servira également à accélérer un mouvement pour réaliser des effets spéciaux.

Canon Canovision A1

Complémentaire de l’intervallomètre, le retardateur intégré permet de déclencher automatiquement la caméra après dix secondes d’attente. La durée d’enregistrement qui suit peut être de trente secondes. Cette option apparaît d’ailleurs au « menu » affiché dans le viseur électronique. C’est à partir de ce menu que s’opère la sélection des fonctions, au moyen d’un curseur. Pour le diriger, s’aider des touches + et – abritées sous le volet mobile situé, lui, à l’arrière droit du camescope.

Associées avec la touche SHIFT, ces deux touches appellent d’autres fonctions dont le réglage de l’horodateur. Programmé jusqu’en… 2010, il tient compte des années bissextiles. Si l’horloge opte, elle, pour un mode d’affichage anglo-saxon, c’est-à-dire un cycle de douze heures (AM et PM pour avant et après midi), toutes les autres indications sont en français.

Autres opérations régies par ces touches + et – , l’affichage de l’heure de l’enregistrement programmé, mois aussi l’appel des différents signes du générateur de caractères incorporé. Les titres composés s’inscrivent sur deux lignes de seize lettres chacune, chiffres, signes ou espaces venant s’incruster, à la demande, dons les images enregistrées. Mois en blanc uniquement.

Les touche + et – commandent également le réglage du « tracking », indispensable pour obtenir un arrêt sur image, une avance image par image, ou un ralenti sons sautillement ni barre parasite. Ces trois modes de lecture émanent d’une double tête vidéo à azimuts croisés. Ce sont elles qui exploitent les vitesses d’obturation rapides, entre outres le 1/250 s, le 1/500 s, le 1/1.000 s et le 1/2.000 s, accessibles, d’autre port, en mode manuel.

Le réglage de la balance des blancs doit intervenir en manuel. Cette manœuvre s’avère nécessaire lorsque l’éclairage se montre insuffisant, ou lorsque l’on désire compenser une dominante de couleur.

Capteur CCD de 420.000 pixels

La compensation de la mesure de l’exposition, qui intervient sur la voleur de l’ouverture du diaphragme automatique, fonctionne aussi en manuel. Ce réglage peut être suivi dons le  viseur, à gauche et en haut de celui-ci, le curseur électronique se déplaçant face à une échelle de mesure horizontale. Mais il est possible, toujours en mode manuel, de verrouiller simultanément le système de mesure automatique de l’exposition (touche EXPO). Cela permet de respecter les importantes variations de luminosité, par exemple, des scènes à forts contrastes explorées en panoramique. La touche EXPO bloque également l’action de la commande automatique de gain (CAG) de l’amplificateur vidéo, évitant ainsi les difficiles variations de lumière lors des passages rapides d’une zone sombre à une zone fortement éclairée.

La mesure de l’exposition, comme sur le Canon E70 et Canon E708, s’effectue sur deux zones : la totalité de l’image cadrée ou le centre-bas de celle-ci. Les résultats ainsi obtenus sont soumis à une pondération globale. Conséquence : le capteur prend moins en compte la luminosité du ciel, ce qui évite un obscurcissement excessif des prises de vues.

Jouant un rôle prépondérant au niveau de la qualité des images obtenues, le capteur CCD utilisé (il s’agit d’un modèle à transfert de trame), de même que l’optique (un macro macrozoom × 10) présentent tous deux des performances poussées.

Canon Canovision A1

Le capteur est un modèle d’ ½ pouce à haute résolution, présentant un nombre de points image (ou pixels) plus élevé qu’à l’ordinaire : 421.648 (584 lignes de 722 photo-cellules élémentaires). Il s’agit là, toutefois, du nombre « total » des éléments. Le nombre « utile » de ces photo-cellules, qui participent directement à l’élaboration des images, est légèrement inférieure : 396.924 (684 × 582) (H × V). Mois néanmoins suffisant pour parvenir aisément à une définition horizontale de 400 points/ligne en sortie de la section caméra. Côté optique, l’importante variation de focale (8/80 mm) correspondant à peu de choses près à un zoom 40/400 mm en format 24 × 36, sort sensiblement de l’ordinaire. Spécialement conçue par Canon pour ce camescope, elle surprend par la qualité des contrastes et de la résolution : nettement au-dessus de la moyenne. Cette dernière atteint 100 lignes/mm classiques, cela au centre de l’image. Excellent.

Rompant avec une tradition solidement établie pour tous les autres modèles de camescopes de la gamme Canovision, le système autofocus n’est plus basé sur l’émission d’un faisceau infrarouge, mais sur la détection de contraste. Il s’agit donc d’un autofocus TCL fonctionnant au travers de l’objectif, qui présente la particularité d’être « assisté » par un transducteur piézo-électrique. Celui-ci anime la cible du capteur d’un léger mouvement vibratoire à basse fréquence (12,5 Hz). Résultat : la modulation de phase est assortie d’une détection de même type des signaux vidéo issus du capteur.

Cette technique a pour principal intérêt de permettre l’identification rapide du point de focalisation du système, par rapport au sujet central cadré. Cependant, pour être pleinement opérationnel, un tel autofocus nécessite un niveau d’éclairement minimal, ainsi que des sujets suffisamment contrastés. De ce double point de vue, l’autofocus s’avère donc moins performant qu’un système infrarouge. En revanche, il fournit à l’utilisateur des indications sur son comportement. Ainsi les deux cadres s’affichent électroniquement dans le viseur, matérialisant les deux zones de mise au point. Si le cadre clignote, le sujet cadré est trop sombre, ou insuffisamment contrasté : la mise au point est impossible. S’il disparaît, le sujet est trop lumineux; l’autofocus ne peut jouer convenablement son rôle. Il faut alors impérativement passer en manuel. Dans cette dernière éventualité, et avec des conditions de prises de vues normales, il est possible, à tout moment, de réactiver temporairement l’autofocus afin de bénéficier de son assistance. Il suffit alors d’enfoncer brièvement la touche « AF MEMO » qui le remet en action pendant environ six secondes. L’affichage du cadre délimitant la plus petite des deux zones de réglage indique l’intervention du système. Le réglage de la balance des blancs s’effectue de deux manières. L’utilisateur peut s’en remettre au mode de fonctionnement automatique : avec le double système d’analyse (un capteur externe et un détecteur TCL), les résultats sont très satisfaisants. Les perfectionnistes pourront, eux, mémoriser la correction de température de couleur, déterminée par l’appareil dans des conditions d’éclairage données. La méthode est très classique : il faut diriger l’objectif sur un objet blanc convenablement éclairé et appuyer sur la touche BAB.

Un caméscope « nouvelle ligne » aux caractéristiques haut de gamme

Cette méthode est très précise mais cependant moins pratique que celle qui lait appel à des voleurs pré-réglées du « blanc de référence ». Il est dommage de ne pas l’avoir prévu, en plus, sur un camescope de cette catégorie.

Canon Canovision A1
Original à plus d’un titre, le Canovision A1 dispose d’une optique digne de ce nom, d’un véritable enregistrement audio hi-fi stéréo, délivré par un micro dynamique, et de nombreuses fonctions enregistrement, accessibles par une télécommande infrarouge utilisable de face comme derrière le camescope.

Quoi qu’il en soit, les résultats sont des plus convaincants, au plan de la restitution des couleurs, mais surtout de la définition des images ou niveau de la section caméra. Car, et c’est normal, après enregistrement, les 400 points/ligne signalés se trouvent ramenés à environ 250 points/ligne. Pour être pleinement satisfait, il faudra donc attendre la prochaine version « High Band » de ce camescope, travaillant comme ses homologues du S-VHS, en composantes séparées Y/C. On devra, pour cela, patienter encore quelques mois ; et prévoir un investissement légèrement supérieur. La version actuelle peut cependant, en attendant, procurer bien des satisfactions.

Caractéristiques Canon A1

Section caméra

  • Capteur CCD : ½ pouce
  • Objectif : Macro zoom – 8/80 mm – f/ 1,4
  • Mise au point : Automatique (TCL) et manuelle
  • Sensibilité : 7 lux
  • Obturateur : 1/50 s, 1/250 s, 1/500 s, 1/1.000 set 1 /2.000 s
  • Viseur : Electronique, mobile, 0,7 pouce

Section magnétoscope

  • Format : Vidéo8
  • Standard : PAL
  • Vitesse de défilement : SP : 2,005 cm/s – LP : 1,005 cm/s
  • Réponse audio : 40/15.000 Hz
  • Sorties audio-vidéo : Cinch
  • Dimensions : L × H × P : 14,9 × 15,7 × 25,7 cm
  • Poids : 1,550 kg (sans batterie) ; 1,825 kg (avec batterie BP-E718)
  • Autres fonctions : Télécommande à infrarouge – Retardateur et intervallomètre – Enregistrement programmable – Générateur de caractères – Enregistrement/lecture audio stéréophonique – Fondu « ou blanc »
  • Prix indicatif : 16.900 F

Les plus

  • Le nouveau concept du boîtier
  • La tenue en main style « appareil photo »
  • L’oculaire du viseur sportif
  • L’enregistrement audio, hi fi, stéréophonique
  • La télécommande à infrarouges
  • La fonction enregistrement programmé
  • Le déclencheur à retardement et l’intervallomètre
  • Le générateur de caractères
  • La sensibilité utilisable
  • L’efficacité de la mesure de l’exposition
  • Le verrouillage du diaphragme et de la C.A.G.
  • Le principe de l’autofocus
  • Les performances du macro zoom
  • La définition du capteur
  • Les indications, en français, dans le viseur
  • L’arrêt sur image sans bandes parasites
  • La prise de montage synchronisé (Control S)
  • Le commutateur de copie
  • L’écran de contrôle à cristaux liquides

Les moins

  • Le manque de discrétion du moteur d’entraînement
  • L’incrustation de séquences en mode manuel uniquement
  • La tendance à l’effet « Smear »
  • L’horloge à cycle de douze heures
  • L’absence de valeurs pré-réglées du « blanc de référence »
  • Le prix, un peu élevé
  • Le modulateur U.H.F. en option

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