Capture One Pro 8

illustration Capture One Pro 8

286,25 € (2 postes), 10 €/mois (abonnement annuel), 86,25 € (MàJ depuis la version 3 ou sup., Express, LE ou Leica Capture) Il n’y a pas que Camera Raw, Lightroom ou DxO Optics Pro dans la vie quotidienne du photographe. Capture One Pro, compagnon de longue date des dos numériques Phase One, Leaf et Mamiya, traite de belle manière les photos des APN.

Par Laurent Katz

L’embellisseur de pixels

Capture One Pro 8, que nous nommerons C1 Pro au fil du texte, a une longue histoire derrière lui. C’était il y a de nombreuses années le convertisseur alternatif de choix quand le Raw était encore un format plutôt méconnu des usagers de reflex, mais pas de dos numériques. D’ailleurs, il est fourni avec les dos Phase One, Leaf et Mamiya sous l’appellation C1 Pro DB. Il existe aussi une version édulcorée, appelée Capture One Express for Sony, gratuite pour les acquéreurs d’un matériel de la marque, avec des options payantes pour passer à la version Pro dédiée exclusivement aux Raw Sony ou totalement ouverte à tous les APN.

Bien que l’ éditeur propose le catalogueur Media Pro, logiciel repris à Microsoft en 2010 (ex. Windows Expression Media) qui l’avait acheté à iView (ex. iView Media Pro) en 2006, C1 Pro intègre des fonctions de catalogage. Elles s’articulent autour de plusieurs notions et l’on s’y perd à la prise en main initiale entre la Session, le Catalogue, le Dossier, l’Album, la Collection et la Bibliothèque qui n’est que l’identifiant donnant accès à toutes ces catégories de regroupement. Il est aussi permis de travailler en direct en allant chercher des dossiers d’images dans l’explorateur de fichiers intégré. Sachant que, tel le coucou, le logiciel investit chaque dossier pour y nicher un sous-dossier spécifique avec des vignettes, des proxies et des données de traitement, dont l’encombrement est loin d’être négligeable. Cela permet de travailler sur les fichiers référencés dans un Catalogue alors que ces derniers ne sont pas en ligne (serveur distant inaccessible ou disque externe absent).

Vive l’immigration

Si la voie standard est l’importation depuis une carte mémoire, Phase One a pensé à ceux qui migreraient vers C1 Pro depuis Lightroom ou Aperture sous OS X. Nous avons ainsi importé une photothèque Aperture de plus de 11000 images. Bien sûr, les éventuels albums photo ou diaporamas ne sont pas

Fiche technique

Editeur Phase One

Site www.phaseone.com

Public
Amateurs passionnés et professionnels

Fonctions
Catalogage, conversion,
Raw, RetouchePlateformes
OS X 10.9 ou plus ; Windows 7 SP1 64 bits ou 8 64 bits

reconduits, mais les notations en étoiles, les balises colorées sont reprises, et même le recadrage. Quelques retouches d’exposition sont conservées, mais une exploitation sérieuse demande que les corrections soient refaites avec les algorithmes de C1 Pro et son dématriçage. Les photos sont incorporées au Catalogue, conservées à leur emplacement originel ou dans un dossier, qu’elles viennent d’un disque dur, d’une carte mémoire ou d’une acquisition connectée. Cette philosophie offre le loisir de regrouper les photos virtuellement, sans doublons, par thèmes ou, pour un professionnel, par commandes, clients ou état (numérisation de diapos, photo à traiter, à imprimer, à transmettre… ). Reste que cette souplesse, reposant sur une organisation qui a sa logique, ne se traduit pas par un usage intuitif et souffre de lenteur à l’importation. S’ajoutent à cela une gestion hiérarchique des mots-clés et des outils de filtrage pour restreindre l’affichage. En la matière, un Lightroom se montre plus convivial. Même au niveau de l’ergonomie générale, l’organisation de l’interface du logiciel Adobe, mieux hiérarchisée, offre une prise en main plus agréable et immédiate. La phase d’apprentissage est cruciale et, fort heureusement, l’aide en ligne francisée est abondante avec force copies d’écran et vidéos, ces dernières hélas en anglais. Cela permet de découvrir comment employer les variantes pour les comparaisons avant/après, reporter des réglages d’une photo vers d’autres, enregistrer des rendus et ajustements personnels pour compléter ceux qui sont fournis en standard.

Haro sur le moiré

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Le point fort de C1 Pro repose sur l’algorithme de conversion et les outils de retouche. On passera très vite sur l’automatisme, qui n’est heureusement appliqué qu’à la demande, pour ajuster l’ image en exposition et couleur. L’essai sur une demi-douzaine de clichés de natures différentes convainc qu’il vaut mieux éviter d’y recourir.

Transcrire du Raw n’est pas une tâche facile, sans parler des corrections liées à l’optique et au boîtier. D’autant qu’aujourd’hui, de plus en plus d’appareils ne comportent pas de filtre passe-bas devant le capteur et sont donc susceptibles de produire du moiré sur les structures géométriques fines et répétitives. Justement, depuis des lustres, l’anti-moiré est une spécialité de Cl Pro. C’est toujours le cas avec la version 8 qui l’éradique vraiment bien, constatation effectuée avec quelques fichiers Raf émanant d’un Fujifilm XlOOs. Comme DxO, Phase One réalise un profilage des appareils photo (les boîtiers Sigma ne sont pas pris en charge) pour analyser leur rendu colorimétrique et évaluer le bruit. Les optiques sont aussi mesurées – pas en aussi grand nombre que chez DxO – pour assurer la correction de la distorsion, des aberrations chromatiques, du vignetage et améliorer la netteté périphérique. À l’ image du principe régissant le Lens Profile Creator d’Adobe, le LCC (Lens Cast Calibration) assure certaines corrections, pas celles de la distorsion ou des aberrations, mais plutôt celles de la dominante colorée et du vignetage, plus la suppression des taches dues à un capteur empoussiéré, par simple photographie de la lumière traversant un support blanc et opaque placé contre l’objectif.

À signaler que, le moteur de transcription Raw étant nouveau, il est possible de revenir à celui des versions 6 ou 7 pour retrouver le même rendu qu’auparavant. Les ajustements d’exposition sont pléthoriques, maintenant enrichis d’un outil HDR (rien à voir avec la fusion de plusieurs photos exposées différemment) qui récupère remarquablement bien des détails dans les basses et hautes lumières. La manipulation des couleurs, notamment par plages de teintes, est un point fort – héritage des usages pros et pointus des dos numériques. pour des travaux photo haut de gamme – avec la faculté de poser plusieurs pipettes RVB pour évaluer la couleur en différents points. La version 8 amène un Grain Film sans faire référence à des pellicules argentiques. Le procédé, finement paramétrable, étant algorithmique, chacun pourra moudre son grain selon son propre goût ou chercher à retrouver un rendu familier. Le monochrome n’a pas été oublié avec une transcription basée sur les teintes RVB et CMJ, complétée par un rendu bichromique si nécessaire. Ce dernier sert également aux rendus typés comme le sépia, que l’on retrouve dans la liste des aspects prédéfinis.

Actions locales

C1 Pro voit sa palette de réglages locaux (pinceau ou masque dégradé, mais pas circulaire) étendue avec HDR, Balance de blancs, Réduction du bruit, Franges pourpres. Ce qui s’avère intéressant pour, par exemple, intervenir sur les tons chair, appliquer une Clarté localisée,  renforcer un ciel ou limiter la correction du moiré aux zones concernées. Les masques sont organisés en calques avec la faculté d’inverser un masque ou de le copier. Des commandes de clonage et de correction déboulent.

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Nommée Pansement, cette dernière n’est pas toujours convaincante, car il ne s’agit que d’un clonage amélioré et non d’une vraie analyse visant à reconstituer l’arrière-plan. Un autre motif de satisfaction repose sur la réduction du bruit. Sur des images extrêmes (12 800 et 25 600 Iso), Prime de DxO va plus loin dans son rôle de nettoyeur, sans que C1 Pro ne démérite, d’autant qu’une impression va lisser les différences quand un fort grossissement sur un moniteur les rend plus flagrantes. Quelques portraits pris à 6400 Iso montrent, après débruitage, que C1 Pro préserve les détails les plus fins, avec un grain de peau, des ridules et des zones spéculaires bien présentes. En matière de sortie et de partage, C1 Pro la joue minimaliste avec l’impression, la sortie de planche contact et d’une galerie web. Diaporama, partage, accès à un FTP ne figurent pas au menu.

Vous avez dit connectés ?

C1 Pro pilote les dos numériques Phase One, Leaf ou Mamiya, ainsi que des reflex Canon, Nikon  et Sony, de sorte que les images arrivent directement dans une session de capture, après les réglages de l’appareil et cadrages déportés. La visée temps réel est proposée avec une loupe de mise au point. Certains dos numériques bénéficient d’une aide spécifique. Si un Capture One Pro Mobile n’existe pas, l’éditeur propose quand même la visualisation distante du catalogue, d’une session ou d’un dossier par le système Capture Pilot qui place Cl Pro comme un serveur local d’images. li doit donc être actif, ce qui le distingue de la solution Adobe qui fonctionne à partir de vignettes téléchargées. Sur les terminaux Apple, c’est une app qui assure le vision nage, l’affectation d’une étoile ou d’une couleur, et autorise une rectification de la balance des blancs. Sur les autres équipements, un navigateur web assure cette tâche