Matrox rainbow runner

Matrox Rainbow Runner

Pour environ 1750 F (267 €), c’est l’une des cartes de numérisation vidéo et de montage virtuel qui offre la visioconférence et la lecture plein écran de CD vidéo. Une solution réservée aux seuls possesseurs des cartes graphiques Matrox : la Mystique ou la nouvelle Millenium II.

Sylvain Pallix – Septembre 1997

Le cercle des fabricants de cartes vidéo grand-public pour PC s’élargit avec un compétiteur de poids : Matrox. La firme canadienne définie moins sa carte comme un outil dédié au seul montage de la vidéo sur ordinateur que comme un ensemble universel pour aborder le multimédia. Un positionnement marketing judicieux puisque le couple carte graphique/carte vidéo : Mystique/Rainbow Runner – ou Millenum II/Rainbow Runner – s’attache à ratisser tout ce qui fait du multimédia l’univers des yeux. Graphisme, photo, 3D, animation, montage vidéo, visioconférence…

La Matrox Rainbow Runner est une carte fille. Il faut comprendre par là qu’elle se fixe sur une autre carte pour devenir opérationnelle. En l’occurrence sur les cartes d’affichage Matrox dont la Mystique est un best-seller mondial. L’opération ne réclame aucune connaissance particulière. Il suffit d’extraire la Mystique de son PC, d’ajuster soigneusement les deux cartes l’une avec l’autre puis de les replacer sur le même slot PCI. La dernière version de la Millenium, plus professionnelle, sera aussi en mesure d’accueillir une déclinaison particulière de la Rainbow Runner disponible dès octobre. Cela signifie aussi que les possesseurs de cartes graphiques d’autres marques (Diamond, miro , ATI, Number Nine… ) ne peuvent adopter la Rainbow Runner. Il leur faudra retirer leur carte graphique et investir aux alentours de 1200 F pour disposer d’une Mystique (4 Mo) ou 1750 F pour la Millenium II (4 Mo de RAM et 2700 F en version 8 Mo).

Par comparaison, l’acheteur d’une miro DC10 – carte de numérisation de cassette vidéo concurrent – verra celle-ci fonctionner quelle que soit la carte graphique de son PC.

Bien choisir sa Mystique

Ceux qui on investi dans une Matrox Mystique avec 2 Mo de RAM, et qui souhaitent légitimement travailler en vidéo plein écran double trame (704×576), ont gagné le droit de rejouer. Ils seront  en effet limités dans la capture des séquences vidéo au format 352×576 à 25 images/seconde. Pour bénéficier de la double trame (image de meilleure qualité) et des 25 images/seconde, 4 Mo sont nécessaires. En d’autres termes, c’est la version 4 Mo de la Mystique qu’il faut acquérir et surtout pas le modèle à 950 F, quelles que soient les affirmations des vendeurs.

En effet, on peut ajouter 2 Mo de RAM à une Mystique de base, mais cette barrette de mémoire utilise l’un des connecteurs requis pour fixer la Rainbow Runner… C’est la quadrature du cercle ! Les vidéastes pointus, qui ont d’ores et déjà acquis une 2 Mo et veulent cirer la maximum de la carte vidéo, se sentiront floués.

Un échange standard pour une Mystique 4 Mo serait un geste élégant pour cette catégorie d’utilisateurs, dans la mesure où les limitations de la Mystique 2 Mo, commercialisée avant la Rainbow Runner, n’étaient pas prévisibles. Mais dans l’immédiat rien n’a été prévu dans ce sens chez Matrox, il faudra donc négocier une reprise avec le revendeur.

A l’exception de câbles Y/C, Matrox livre une connectique complète deux câbles RCA/RCA à contact or et deux câbles audio Jack 3,5/RCA. En sus du connecteur DB9 équipé d’entrées/sorties vidéo en RCA et Y/C femelles. Un connecteur qui se fixe solidement sur la carte Mystique et qui pourra facilement être remplacé si une des prises lâche. La concurrence opte généralement pour des prises fixées à même le dos de la carte. Une prise abîmée implique alors de démonter le PC et de le retourner en atelier.

L’offre logicielle

C’est le programme de montage Media Studio 2.5 de U-Lead qui a été adopté. Le même produit que proposait miro avec sa DC10 et qui a été remplacé par MGI Video Wave. Chez Matrox, l’actuelle mouture de Media Studio sera remplacée à l’automne par la version Pro 5.0, toujours en formule allégée. En bonus, le soft MPEG Converter s’attache, comme son nom l’indique, à convertir les séquences AVI en MPEG, voire l’inverse. La qualité n’atteint pas celle que procure le traitement temps réel en MPEG-1 à l’aide d’une solution matérielle dédiée. S’y ajoute Photo Express du même éditeur pour des habillages photo type cartes postales, calendriers ou posters. Ce programme sait aussi réaliser des diaporamas sonorisables ou acquérir des images par scanner. Enfin, aux passionnés d’Internet, qui souhaiteraient s’initier aux joies de la visiophonie, Matrox offre VDOPhone. Cette cerise sur le gâteau permet de gérer l’entrée vidéo de la carte couplée à une caméra, pour ouvrir sa fenêtre audiovisuelle sur le Net et y montrer sa tête – ou tout autre chose ! – et contempler celle des autres…

Sortie VGA sur écran

Résolument orientée loisirs, la Rainbow Runner propose d’afficher la même chose simultanément sur le téléviseur et sur l’écran de l’ordinateur. Ainsi les mordus de jeu version grand large se sentiront moins à l’étroit que sur l’écran du PC. Certes moins piquée que sur le moniteur informatique, l’image est d’une qualité satisfaisante pour les applications hors bureautique. La gestion logicielle prévoit d’ailleurs un atténuateur de scintillement.

Quand une source vidéo MJPEG est enclenchée, le relais sur la sortie vidéo reste plein écran, même si l’utilisateur a choisi un format vignette pour la visualisation d’un fichier sur le moniteur de l’ordinateur.

Séquences TV

Interface TV Matrox Rainbow Runner

Dans sa volonté de se rapprocher du plus grand nombre de néophytes, Matrox a doté son système d’une interface centrale aux allures d’une double télécommande : une partie pour le magnétoscope et l’autre pour le téléviseur. L’adjonction d’une carte supplémentaire sur bus ISA transforme aussi le PC en téléviseur pour moins de 800 F.

Rien n’interdit de capturer des séquences TV. Impossible, naturellement, de loger tout un film dans le PC ! C’est donc dans l’enregistrement de courts extraits que cette option trouvera son utilité. Idéal pour décortiquer la réalisation d’une pub, d’un clip, d’un dialogue de film ou d’une action…

MPEG et MJPEG

La Matrox Rainbow Runner offre donc une décompression matérielle du MPEG-1 et du MJPEG ainsi que la compression dans ce dernier format pour l’acquisition vidéo. Le CD d’installation de la carte comporte une séquence de démonstration MPEG. Sur l’écran informatique comme sur le moniteur externe, l’affichage de ce fichier vidéo est parfaitement fluide en plein écran pourvu que le processeur du PC soit au minimum un Pentium 90. Pour compléter ce tableau, Matrox offre un convertisseur MPEG sous la forme d’un logiciel (MPEG Converter de U-Lead). Une moulinette qui sait convertir des films AVI en MPEG, format de compression plus léger, et l’inverse.

  • Convertisseur MPEG
    Pour transformer de la vidéo numérique de montage virtuel (MJPEG), qui occupe beaucoup d’espace sur disque dur en vidéo MPEG-1, de moins bonne qualité mais très allégée, il existe deux méthodes. La première fait appel à du matériel qui réalise cette opération en temps réel. La seconde utilise les ressources du processeur de l’ordinateur en traitant le problème par logiciel. Moins coûteuse, cette solution, adoptée ici par Matrox, fournit des images souvent moins bonnes et demande du temps de calcul pour assurer la conversion. Le MPEG est pratique pour archiver des films sur CD-Rom ou inclure de la vidéo dans des programmes multimédia.

Montage virtuel

Media Studio Pro 5

Revenons au MJPEG pour aborder les joies du montage. Avec un taux de compression maximal de 8:1 en format plein écran, une majorité des PC actuels peuvent utiliser la Matrox Rainbow Runner au mieux de ses possibilités (qualité S-VHS) . Le format vidéo retenu par Matrox est le CCIR 601 en 704×576 (celui du montage Broadcast). Pal, Secam et NTSC en entrée permettront de satisfaire une large clientèle, même si en sortie le Secam disparaît du trio.

Les images capturées sont de bonne qualité, test réalisés en Vidéo 8 et en DV (via l’Y/C). On retrouve ici des rendus visuels très similaires à ce que procurent d’autres cartes comme la miro DC 10 ou la Diamond Crunch It. Les vidéastes très exigeants devraient continuer à privilégier les cartes plus haut de gamme qui descendent en deçà des 5:1 pour le MJPEG, ou alors les nouvelles solutions purement DV. Mais le MJPEG à compression réduite est très gourmand en espace disque dur et l’investissement démarre à plus du double pour les cartes les plus abordables. Notez qu’avec la Matrox, des résolutions inférieures peuvent être choisies à la capture, notamment pour des usages de type multimédia (352×576, 352×288 et 176×144).

Montage

Matrox a annoncé un programme pour éviter la compilation obligatoire des films et permettre d’économiser sur l’espace disque dur. Non disponible au moment des essais, cette extension devrait apparaître rapidement pour être fonctionnelle avec la version 5 allégée de Media Studio. En attendant les films ne peuvent dépasser la barrière des 2 Go, limitation propre à la vidéo traitée sous Windows. Avec une acquisition vidéo aux alentours des 150 Mo/seconde, on obtient des films de 6 à 7 minutes sur un giga-octet de disque dur. Soit 12 à 14 mn de montage maximum sur 2 Go. En revanche, la Rainbow Runner souffre de l’absence de Secam en sortie, contrairement à la miro DC 10, pour résoudre tous les problèmes de copie cassette rencontrés par bon nombre d’amateurs.

Conclusion

Sa polyvalence séduira d’emblée tous ceux qui font de leur PC un outil global d’exploitation des images : du jeu à la création vidéo en passant par la visiophonie. Un positionnement généraliste et très grand-public qui, pour l’instant, laisse le champ libre aux concurrents pour fournir des solutions plus puissantes à vocation semi-professionnelle.

Les plus

  • Lecture : Le décodage MPEG-1 matériel pour une lecture fluide plein écran des CD vidéo.
  • Gain de slot : Un seul slot PCI occupé par le couple carte  graphique/carte vidéo pour les machines encombrées.
  • Acquisition : La numérisation en double trame plein écran à  l’acquisition (meilleure qualité d’image) pour un produit à moins de 2000 F avec la Mystique 4 Mo.
  • Affichage : La sortie VGA en vidéo pour enregistrer ou afficher sur un téléviseur la vidéo MPEG-1, et tous programmes multimédias.

Les moins

  • Les Méga-octets : Pas d’acquisition vidéo en 704 x 576 à 25 i/s si la carte Mystique est une version 2 Mo.
  • Secam et compression : Pas de Secam en sortie et la limite de compression 8:1.
  • Développement : L’évolution du PC est partiellement tributaire du couple carte graphique/carte vidéo.

Rivaux

A moins de 2000 F (305 €), la rivale directe de la Matrox Rainbow Runner est sans conteste la miro DC10. La Rainbow Runner travaille en pleine résolution : 704×576 en capture/restitution, avec une compression de 8:1 ; tandis que la DC10 offre une demie résolution (384×576) pour une compression de 7:1. Cette alchimie entre une gestion des trames et une compression plus ou moins poussée aboutit à un résultat visuel plutôt voisin : une qualité S-VHS assez correcte. Plus décisif, Matrox propose une extension de programme pour Media Studio 5.0 pour éviter la compilation finale des films : un bon point. De son côté, miro propose MGI Video Wave pour le montage, facile d’emploi. Un programme de gestion de mémoire cache assure la fluidité en lecture des films qui doivent toujours être compilés au préalable. Enfin, la Rainbow Runner se marie exclusivement avec les cartes graphiques Matrox. Ce n’est pas le cas de la DC10, qui reste la seule à offrir le Secam en sortie.

En bref

A moins de 2000 F (305 €), la Rainbow Runner démontre que Matrox entend jouer un rôle important dans le domaine de la vidéo amateur. Pour rester à la portée d ‘un grande partie du parc PC, elle a choisi un rapport puissance-prix capable de satisfaire le plus grand nombre. Seul le mariage obligé avec une carte graphique Matrox rebutera ceux qui disposent d’un autre modèle.

CV 108

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