Matrox RTMac

Matrox RTMac

Matrox fait des infidélités au PC pour aller flirter avec Apple, avec le premier système de montage à effets temps réel sous la barre des 10.000 F, dans le sillage des cartes de numérisation dv Matrox RT2000 et RT2500…

Sylvain Pallix – juillet 2001

La boîte contient la carte Matrox RTMac, le boîtier de connectique analogique, son câble de liaison et un CD contenant les drivers. En grigri logiciel complémentaire : un jeu de volets sur dégradés de noirs. Le câble FireWire est livré d’origine avec le Mac G4. Tout sera géré au cœur de Final Cut et dans le respect exclusif de l’interface d’Apple. Toutefois, ce boîtier aurait d’ailleurs pu être plus compact comme le nouveau modèle qui accompagne la RT2500. Attention, Final Cut Pro 2.0 s’acquière séparément. Cette version est impérative, elle seule gère plusieurs flux en temps réel, tout comme QuickTime 5.0 complet qui l’accompagne. Disponible seulement en anglais, l’édition francisée devrait entrer en service au début de l’été. Existe-t-il d’autres logiciels compatibles avec la RTMac ? Non, pour l’instant, mais Adobe Premiere 6.0 le sera à l’automne.

Le test

Ergonomie de travail

Premier apport visible : la gestion du bi-écran. Pour des logiciels riches en fenêtres, quel confort ! Les moniteurs de test étaient un Panasonic et un Acer reliés d’ordinaire à un PC (environ 2.000 F l’unité). La limite d’affichage est de 1024×768, 75 Hz par écran.

Second apport conséquent : la gestion d’un moniteur vidéo ou téléviseur, via le boîtier Matrox. Il n’y a plus d’obligation de conserver un périphérique DV allumé pour la sortie vidéo. Le plein écran sur écran informatique et sur moniteur vidéo simultanément est également possible.

Acquisition

Le panneau Matrox RTMac propose le NTSC ou le Pal et de choisir entre Broadcast Quality ou Consumer Quality. Le premier s’impose pour les matériels disposant d’un TBC, le second s’adapte aux signaux analogiques mal synchronisés. Pour profiter de la lecture directe vers un moniteur vidéo, veillez à bien valider Matrox RTMac, via l’onglet Sortie Vidéo du panneau de réglages général. Le moniteur vidéo ne fournit pas d’images pendant la numérisation en mini DV.

Bien que le système sache capturer une source analogique Pal, pas moyen d’accéder à ses réglages. Idem pour la correction de luminosité, contraste, niveaux de noir ou de blanc… Les taquets sont désactivés, sauf ceux du niveau d’acquisition audio. Le boîtier externe permet de faire transiter la vidéo analogique (Pal ou NTSC). On regrette l’absence de Secam (présent sur les RT2000/2500). Plus gênant, pas de MPEG-2 en capture, alors que Matrox propose sur PC le MPEG-2 I-Frame 10 à 25 Mbits mais aussi le MPEG-2 IBP. Cette dernière option offrant l’acquisition au format DVD en temps réel. Les formats DV pris en charge comprennent aussi le DVCam et le DVCPro 25 (4:1 :1).

Montage

Ergonomie et fiabilité du logiciel séduisent toute une frange de monteurs. Dès qu’on sort du Cut, notez les limites du système avec la RTMac . Le temps réel s’applique à des images exploitées en 2D : une couche vidéo circulant en trajectoire sur une seconde, une couche graphique plus deux vidéos en transition ou deux couches graphiques dont une fixe et une animée sur une couche vidéo. L’opacité des couches est réglable. Ce temps réel n’est disponible que sur les seules sorties analogiques, ce qui favorise par là même le travail du monteur dans les étapes de création.

Les effets de types filtres ou les compositions comportant de multiples couches vidéos et graphiques obligent au traditionnel calcul par le (ou les) processeur de l’unité centrale. Et le moteur d’accélération Matrox pour le rendu de compositing des RT2000/2500 n’existant pas dans la variante Mac, les temps de calcul n’ont rien d’époustouflants (la machine de test étant un G4 400 MHz avec 500 Mo de Ram prêté par MacinShop/Paris). Durant le rendering, la RTMac ne montre pas le résultat progressif de la compilation en cours sur le moniteur externe comme sur PC. Une fonctionnalité qui occupe le client pour qui ces temps de calculs sont fort abstraits ; et permet de stopper le processus si le futur effet semble moins réussi que prévu.

Parmi les effets temps réel, on retrouve la panoplie usuelle des transitions 2D par positionnement d’une vidéo sur une autre – ombre portée incluse – avec possibilité de points clé. Des manipulations qui incluent la rotation, le recadrage, les perspectives (2D seulement malgré la déformation possible du cadre de l’image en 3D). Et enfin le niveau de transparence. Les transitions utilisables en temps réel apparaissent en gras dans la liste. Pas moyen aujourd’hui d’y comptabiliser aujourd’hui les motifs dégradés de noir au blanc pour fondre deux plans. Mais Matrox joint un pack de 50 transitions de ce type. Pour la gestion graphique temps réel, signalons les titres défilant ou déroulant (Roll/Crawn) non pris en compte sur PC. A même le rendu image/image du titre incrusté sur la vidéo dans le lecteur de montage, on peut utiliser le positionneur en mode fil de fer (Wire Frame) puis travailler les trajectoires par courbes de Béziers à la souris. A l’usage d’ailleurs, pas d’obligation systématique de recourir à une image TGA 32 bits pour accéder à l’incrustation en trajectoire d’une image fixe plein format (720×576). Lors des tests, des captures JPEG extraites des rushes ont parfaitement fonctionné en temps réel avec le positionneur d’images. Allouez à Final Cut un maximum de mémoire pour la gestion des éléments graphiques en temps réel, car ceux-ci sont stockés en Ram. Hors retouche colorimétrique, les optimistes diront que ce temps réel-là – assez limité pour cette première mouture – contentera la plupart des monteurs dans leurs gros besoins quotidiens.

On voit l’état des zones d’effets au premier coup d’œil. Gris (rushes Cut), rien à faire. Rouge, c’est à rendre. Bleu gris ça a déjà été rendu. Enfin, pour les matériels temps réel : Vert, c’est du temps réel et Jaune, proche temps réel sur les trajectoires. Cette dernière couleur signifiant un défilement saccadé de la Preview à la souris, mais une lecture directe fluide. D’origine, Final Cut est doté d’outils de compositing très évolués. Les mettre à contribution pour des compositions sur de multiples calques oblige à du calcul intégral.

Audio

La pose des niveaux s’effectue par points dans une tradition héritée d’un Adobe Premiere et consorts. La RTMac fait transiter les sources audio en DV par la liaison FireWire du Mac, et analogiques externes à l’ordinateur, via les prises Cinch de son boîtier. Et ses sorties réadressent les flux mixés vers différents appareils pour monitoring ou duplication analogique.

Evolution

Ceux, juste motivés par le bi-écran et les entrées/sorties analogiques, peuvent toujours opter pour l’alternative d’une combinaison carte graphique PCI (1000 F) et un Dazzle Hollywood DV Bridge (3500 F). Matrox ne vous fera aucune promesse sur des développements ultérieurs. Les Hardwares Mac et PC reposent sur les mêmes technologies C-Cube et Flex 3D. Si l’apport du MPEG-2 est du ressort de C-Cube en développement, les effets 3D et la colorimétrie en temps réel sont des apports concoctables dans les laboratoires Matrox. La société canadienne, cliente privilégiée d’Adobe, doit pouvoir proposer une offre groupée Premiere/RTMac à l’automne. Un bundle avec Final Cut paraît moins probable. Pour l’amateur moyen, l’addition est un peu salée, l’actuelle combinaison gagnante implique la Matrox RTMac, 9000 F et Final Cut Pro, 8500 F = 17500 F hors ordinateur ; soit le prix d’un PC équipé d’une RT2500 avec Premiere 6.0 ! Certains se prendront à rêver du transfert de la RTMac sur iMovie, qui comble déjà sérieusement leurs besoins. En revanche, dans une optique pro, l’ensemble reste somme toute abordable pour traiter le temps réel en habillage. Sa fiabilité d’ensemble pour un premier driver est son second atout.

Verdict

Ensemble matériel et logiciel cher pour l’amateur et peu d’effets temps réel aujourd’hui. En revanche le professionnel trouvera un produit capable de le soulager dans des opérations courantes au montage (transition et tirage notamment). Matrox ayant fait évoluer sa RT2000/2500 sur PC vers la colorimétrie temps réel, celle-ci sera la première amélioration qu’ils appelleront de tous leurs vœux.

Les plus

  • Les effets de trajectoire et transitions 2D en temps réel
  • Deux couches graphiques dont une animée en temps réel
  • Les entrées/sorties pour la vidéo analogique
  • Le bi-écran, via la RTMac
  • Compatibilité DV, DVCam et DVCPro
  • La fiabilité de l’ensemble pour une première version de drivers

Les moins

  • 17.500 F hors ordinateur pour le système de montage complet (avec Final Cut Pro 2.0)
  • Pas d’effets temps réel 3D
  • Pas de filtrage temps réel (colorimétrie, filtres esthétiques ou de déformation divers…)
  • Pas d’accélération du calcul des effets comme sur une RT2000
  • Pas d’effets temps réel sur les sorties DV
  • Pas de portage sur iMovie (logiciel non ouvert au temps réel aujourd’hui)
  • Pas d’acquisition en MPEG-2 I-Frame et IBP
  Matrox RT2500 Matrox RTMac
Ordinateur minimal Pentium II 300 MHz, 128 Mo Ram, disque dur U-DMA 7200 tr/mn, ou SCSI-2 Windows 98, ou 2000 (en cours). Power Mac G4, 400 MHz (Power PC, 256 MB Ram). Power Mac G4, 400 MHz (Power PC, 256 MB Ram).
Processeur carte vidéo C-Cube DVXpress. C-Cube DVXpress.
Fonnats en entrée (prise DV ou analogique composite et Y/C) DV, DVCam, DVCPro 25, Digital 8, et MPEG-2 1-Frame 10 à 25 Mbytes ou 3,125 Mo/s. DV, DVCam, DVCPro 25, Digital 8.
Formats en sortie ordinateur DV, DVCam, DVCPro 25, Digital 8 et analogique Pal. DV, DVCam, DVCPro 25, Digital 8 et analogique Pal.
A l’export pour CD et DVD MPEG-2 aux calculs accélérés mais non-temps réel (3× la vitesse nominale). MPEG-2 non pris en charge par Matrox
Standards Pal, Secam et NTSC en entrée, Pal, NTSC en sortie. Pal/NTSC entrée/sortie.
Dérushage et capture Par Adobe Premiere, ou Matrox Video Tools (dérushage automatique avec vignettes). Par Final Cut sans dérushage automatique des cassettes.
Taux de Transfert Deux flux de données DV (25 Mbits par seconde et par flux). Deux flux de données DV (25 Mbits par seconde et par flux).
Audio Jusqu’à 48 kHz 16 bits en DV ou MPEG-2. Jusqu’à 48 kHz 16 bits en DV.
Effets en temps réel vers prise DV Non. Non.
Effets non temps réel Accélération du traitement des calculs en multi-couches avec application possible sur chacune des effets 2D/3D Matrox (via le tiroir Filtres de Premiere). Pas d’accélération spécifique.
Eléments techniques fournis Carte d’acquisition Vidéo PCI avec composant Flex 3D, boitier de connectique externe et câble DV. Carte d’acquisition vidéo PCI, boitier de connectique externe), câble DV.
Logiciels fournis Drivers Matrox 3.0, Adobe Premiere 5.1 RT et Photoshop LE), QuickTracks (SartSound), Matrox Tools, Cool 3D (Ulead), Acid (Sonic Foundry), DVDIt (Sonic Solutions). Drivers Matrox Organiclite (Pixelan).
Logiciels non fournis mais impératifs   Final Cut Pro version 2.0. (8.500 F TTC, avec QuickTime 5.0).
Garantie 3 ans 3 ans
Prix indicatif 9.000 F – 1370 € 9.000 F – 1370 €

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