Sony DSR-250

Le Sony DSR-250 vient coiffer la gamme DVCam à optique non interchangeable. Exit les formes tortueuses d’un Sony DSR-200 pour revenir à un savoir-faire plus professionnel. Nouveau sur un caméscope numérique Sony tri-ccd pro : le moniteur couleur.

Sylvain Pallix – juilllet 2001

Le nez de la caméra rappelle le DSR-PD150 (VX2000 en DV), bloc optique voisin, mais différent, et le corps de la caméra nous rappelle les formes du DSR-300P, premier modèle de la gamme à optique interchangeable. Ce métissage est bien la grande caractéristique d’approche d’un outil à la croisée des chemins. Cette épaulière ramassée – très légère, 4,4 kg – offre le rembourrage DynaFit présent sur les deux modèles supérieurs de la gamme. Avec cette enveloppe souple, et malgré l’absence de réglage sur la longueur, la portée de l’appareil s’avère très confortable.

Le test

Capteur, optique, viseur

Comme sur le DSR-PD150P, on retrouve les capteurs 1/3 de pouce à 450.000 pixels (400.000 effectifs), et non les 1/2 pouce du DSR-300.  Hors optique, ce choix conditionne déjà une différence électronique majeure dès la captation d’images. Les propriétés intrinsèques des capteurs – rapport signal/bruit et luminosité minimale – s’améliorent par la taille des composants comme ici les cellules et microlentilles de captation. En sortie directe caméra, les CCD retenus affichent une résolution qui avoisine les 530 lignes. Sur ces trois camescopes, pas de commutation 4:3/16:9 à même la surface des capteurs comme sur le DSR-500 qui coiffe la gamme, lequel est le seul à offrir des 2/3 de pouce à 570000 pixels effectifs. En trichant sur la qualité, le DSR-250P accède au 16:9 par anamorphose électronique. Et pour la captation d’images fixes, il offre aussi le mode Progressif qui délivre des clichés désentrelacés, mais des images vidéo un peu stroboscopées. Il faut préciser que ce mode réalise de la prise de vues en continu à la cadence de 12,5 im./s. Sony le recommande à l’occasion pour de la prise de vues plateau Web.

Objecitf DSR-250P

Moins courant sur une caméra d’épaule, le stabilisateur optique (Super SteadyShot), déjà présent sur les Sony VX9000 et DSR-PD200. Cette technologie éprouvée et l’assise de la caméra à l’épaule garantissent une bonne stabilité dans une majorité de situations. On oubliera le zoom numérique, jusqu’à ×24 ou ×48, accessible par menu, pour se contenter des performances optiques à ×12. Appendice inexistant sur le PD-150, la poignée latérale avec zoom à vitesse variable et blocage de l’iris en manuel avec commande d’automatisme ponctuel. Deux bagues presque accolées permettent : l’une le réglage du diaphragme, l’autre du zoom en manuel. Il faut à peine plus d’une seconde pour passer du plus large au plus serré. L’optique supporte aussi le switch filtre neutre (1/4 et 1/32). A l’œil, on retrouve le confort de cadrage d’une caméra pro. Le classique tubecathodique à fort niveau de contraste n’a pas été sacrifié au profit d’un panneau LCD noir et blanc comme dans le viseur du PD-150, nettement moins performant. Ce viseur DXF-801 de 1,5 pouce affiche 600 lignes TV.

Enfin, l’apport du moniteur LCD est une nouveauté majeure. On lui reprochera de ne pas être plus gros que sur un PD-150 : 2,5 pouces. Malgré ses 200.000 pixels, il n’offre pas la garantie nécessaire pour valider en continu la mise au point. On aurait pu imaginer un modèle aux dimensions plus spacieuses comme celui du DSR-PD 100AP (TRV 900 en DV) pour un meilleur confort tant en visée de complément que pour la relecture des rushes. Pour le cadreur, cette lucarne reste un bon indicateur de la balance des blancs. Et toutes les données usuelles s’y incrustent (time code, durée de bande restante, température de couleur…).

Souhaitons que les fabricants finissent par inclure ces moniteurs dans un logement en profondeur ou leur adjoignent d’origine un cache à rabats favorisant une utilisation en extérieur les jours de soleil. Enfin, si au lieu d’être placé contre la tête du cadreur, l’écran se trouvait sur l’autre flanc, le travail en tandem avec un preneur de son en serait amélioré quant à l’accès aux données. Il y a fort à parier que ce principe de moniteur incorporé face école sur de prochaines versions des DSR-300 et 500, voire sur l’ensemble des gammes professionnelles.

DV et DVCam

Comme pour le DSR-150, pour offrir le choix à l’utilisateur, le Sony DSR-250 propose une commutation DV/DVCam à l’enregistrement. En lecture, celle-ci est automatique comme sur l’ensemble des gammes DV Sony pros ou amateurs et vous pourrez numériser une mini DV avec ce camescope. Cette dernière information a son importance, puisque les camescopes de la concurrence ne relisent pas une cassette DVCam. Seul Panasonic propose cette faculté – par adaptateur – sur sa gamme de magnétoscopes DVCPro. Vaste débat que celui du DV ou du DVCam à l’enregistrement. En terme de qualité audio-vidéo : aucune différence entre les deux systèmes ! Sony défend son substandard maison (DVCam) en soulignant que la largeur de la piste vidéo, qui passe de 15 à 18 microns, offre une densité plus réduite des informations enregistrées avec un moindre taux de drops ou mosaïques, et un accroissement de la résistance du transport de signal lorsque le camescope est malmené. Et si le verrouillage audio garantit une synchronisation audio-vidéo, précisons que le montage virtuel s’accommode sans soucis des pistes son non verrouillées du DV standard. Avantage de l’autonomie pour le DV : une cassette Sony DVCam de 40 minutes, offre 60 minutes d’enregistrement en DV standard.

L’amie molette

A la prise de vues, on retrouve le confort d’accès aux différentes commandes propres à ses grandes sœurs. Les principales fonctions de réglages tombent sous les doigts de la main gauche dans un périmètre restreint. Allumage, mire de barres, gain automatique ou manuel par paliers, suivi automatique de balance des blancs, touches de compensation de diaph en contre-jour ou suréclairage d’un sujet, mode tout auto… La molette Jog-Dial permet une navigation rapide dans les différents réglages. L’utilisateur peut alors affiner couleurs, netteté, balance, limite de gain…

Son

Un micro amovible, mono et directionnel, effectue une honnête prise de son d’ambiance. Deux prises XLR sur l’arrière permettent de combiner entrées micro (avec alimentation fantôme 48 volts) et ligne. La trappe latérale de la caméra masque l’accès aux réglages de time code, d’indexation, et effets digitaux, mais surtout le panneau de distribution des canaux audio. Les deux types d’enregistrement possibles restent le 32 kHz 12 bits ou le 44 kHz 16 bits stéréo.

Trappe réglages DSR-250P

A la condition de préférer le mode enregistrement DVCam au mode DV, un enregistrement en 32 kHz profite d’un doublage son de même nature. Une opportunité rarement employée par les amateurs doublée d’une utilité encore plus relative pour les pros. Le contrôle du son s’effectue grâce à l’oreillette intégrée à la coque de la caméra, avec bouton de niveau, ou par casque sur prise Jack 3,5 mm. Une sortie ligne par prises Cinch favorise les opérations de relecture vers un moniteur externe ou les tirages de copies analogiques.

Effets

Un accès au traitement numérique ouvre la porte à plusieurs effets. Outre la texture vieux film, incrustation, traînées dans l’image, gel d’image ou stroboscopie, différents fondus sont proposés : au noir, à la couleur, en superposition sur une image figée… Fonction d’habillage gadget, puisque tout ceci relève aujourd’hui d’un traitement en post-production sur ordinateur.  Plus important, le camescope étant doté d’un convertisseur analogique/numérique, sur le terrain on peut réintégrer des rushes analogiques Pal sur bande DV. Pratique pour ne pas priver un partenaire de ses originaux. Un logement pour barrette Memory Stick permet d’exporter des photos vers d’autres appareils dont la gamme de NoteBook Vaio pré-équipé pour certains modèles ; ou sur tout ordinateur disposant d’un port USB grâce au lecteur externe fourni. Parmi les différents lecteurs optionnels possibles, Sony propose un modèle à carte PCMCIA ou un adaptateur de type disquette. En basse définition (640×480), un millier de photos peuvent être logées dans une mémoire de 64 Mo, soit 62 clichés sur la barrette de 4 Mo fournie.

Montage

Au montage, le camescope s’associe à un magnétoscope DV/DVCam en connectant les matériels par un câble IEEE 1394 (i-Link pour Sony). Les séquences sont d’ailleurs indexables à la prise de vues. C’est en liaison avec un PC équipé d’une carte d’acquisition Canopus DVRaptor que nous avons effectué nos tests de montage. A partir du module de capture de Premiere, nous avons pu piloter le camescope. Un asservissement fonctionnel, tant pour les acquisitions de rushes à l’unité (à la volée ou après marquage des points In/Out d’un plan), qu’en série (Batch Capture). Contrairement aux camescopes amateurs, on note ici la possibilité de prérégler son time code à la prise de vues. Ce qui permet d’affecter une heure spécifique pour numéroter la cassette utilisée. Le mode Record Run enchaîne les plans dans une continuité  horaire prédéfinie, le mode Free Run s’aligne sur le temps relatif à la prise de vues. En calant le time code sur l’heure réelle, on peut ainsi suivre les événements dans le temps. Pratique pour certaines applications scientifiques, des observations botaniques ou animalières, ou encore certains processus industriels… Pour la seule épaulière DVCam à entrée DV, ce camescope permet d’enregistrer le master d’un montage depuis l’ordinateur (Mac ou PC). Un bon point pour les réalisateurs ou petites productions à budget restreint.

La batterie Lithium-Ion optionnelle BP-L90 offre jusqu’à 9 heures de réserve d’énergie. En entrée de gamme, la BPL40 (non fournie) assure 3 heures de filmage en continu et moitié moins en usant du zoom, de la partie magnétoscope et du viseur couleur. Ce camescope consomme 10,5 W ou 12,1 W quand le moniteur LCD fonctionne. Une sortie alimentation torche ou 12 volts pour d’autres accessoires en externe est incluse. On notera la présence d’une télécommande, inexistante sur les autres épaulières de la gamme DVCam.

Conclusion

Cette caméra apporte une ergonomie professionnelle connue des usagers des DSR-300 et 500 de la gamme ou de produits concurrents. L’absence d’optiques interchangeables peut alimenter un vaste débat. Lequel ne se poserait probablement pas si cette caméra annonçait 10.000 F de moins, avec les accessoires les plus utiles. Un DSR-PD150P avec sa batterie et son bloc secteur (chargeur via la caméra) coûte 41.400 F TTC, un DSR-250P équipé de la sorte 67.350 F TTC. Mais attention, les tarifs revendeurs sont très souvent en deçà du prix indicatif Sony. Quant à ceux qui ont commencé à s’équiper en DVCam avec les DSR-PD100 et 150, il est important de noter que les batteries ne sont pas les mêmes… beaucoup plus chères aussi. Dans l’ensemble, DSR-PD150P et DSR-250P donnent des résultats comparables. Ergonomie de poing ou d’épaule, à vous de choisir !

Caractéristiques Sony DSR-250P

  • Fomat : DV-DVCam (enregistrement et lecture au choix)
  • Standard : Pal
  • Capteurs : 3 × 450.000 pixels 1/3 de pouce (400.000 effectifs)
  • Optique fixe : Canon ×12, 6-72 mm, f/ 1,6-2,4 (zoom variable de 1,2 s à 22 s)
  • Viseur : Tube cathodique noir et blanc 1,5 pouce DXF-801 CE
  • Moniteur latéral : 2,5 pouces (6,35 mm) à 200640 pixels
  • Sensibilité minimale : 2 lux
  • Son : 32 kHz 12 bits ou 44 kHz 16 bits
  • Entrée/ sorties vidéo : RCA, BNC, Ushiden et IEEE 1394 (I-Link DV In)
  • Entrée/sorties audio ; XLR, RCA et IEEE 1394
  • Accessoires fournis : Microphone électret, Memory Stick 4 Mo, adaptateur Memory Stick pour port USB, télécommande infrarouge
    RMT-811 , pare-soleil, capuchon d’objectif
  • Poids : 4,4 kg
  • Prix indicatifs : DSR-250 : 46.000 F HT, 55.000 F TTC (8.384 €). Batterie BP-L40 : 2.120 F HT, 2500 F TTC (381 €). Chargeur BCL50 :
    4.000 F HT, 4.800 F TTC (732 €). Secteur CMA-8 : 6.600 F HT, 7.900 F TTC (1204 €). Chargeur/secteur AC-DN1 : 6.660 F HT, 7.950 F TTC (1.212 €). Semelle VCT-U14 : 1.600 F TTC (244 €). Garantie Prime Support 2 ans avec prêt  Caméra sous 24 à 48 heures: 4.790 F HT, 5.750 F TTC. (877 €) Grands-angles recommandés : Canon ou Emit Century

Verdict

La disparition du catalogue des Sony VX9000, DSR-200A ne laisse aucun choix en épaulières premier prix chez Sony. Les pros retrouveront là un outil dans la tradition des gammes DVCam Sony. Et si cette seule marque les intéresse, ils devront valider leur choix en explorant les modèles périphériques : le DSR-PD150 de poing et le DSR-300 à optique interchangeable (capteur ½ pouce). Un peu cher, accessoires incontournables inclus, ce Sony DSR-250 est en quelque sorte un juste milieu technologique dans la gamme DVCam pour retrouver les sensations d’une caméra pro.

Les plus

  • Mixité DV/DVCam à l’enregistrement
  • L’entrée analogique
  • Le time code asservissable
  • L’export de photos sur barrette Memory Stick
  • La garantie Prime Support optionnelle
  • Jusqu’à 270 mn d’enregistrement en DV sur cassette grand format

Les moins

  • Pas d’objectifs interchangeables
  • Pas de complément grand-angle proposé de série
  • Capteurs 1/3 de pouce au lieu des ½ d’une DSR-300
  • Pas de déclinaison plus abordable pour le grand-public
  • Moniteur LCD petit et sans pare-soleil
  • Batteries incompatibles avec les modèles PD-100 et 150
  • Picture Gear 4.1 incompatible Mac

CV 151

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