Sony CCD-V900

Sony CCD-V900

On a bien failli l’attendre… Douze longs mois se sont écoulés entre la commercialisation en France du SVHS et celle du premier camescope Hi-8 Sony. Aussi dès qu’il est apparu l’avons-nous testé pour connaître enfin de quoi Sony était capable. Joliment carrossé et proportionné, ni trop lourd, ni trop léger, le Sony CCD V-900 séduit de prime abord. Une impression qui ira se confirmant tout au long de notre test.

Première prise en main : les commandes de caméra, regroupées sur le flanc gauche du boîtier, tombent précisément sous les doigts. On découvre, sur le dessus, la section « magnétoscope » et sur le côté droit la porte de chargement des cassettes, surmontée du bouton Eject. Son ouverture est silencieuse et rapide.

Autre innovation, le viseur électronique coulisse sur un rail. On évitera ainsi, en le déplaçant, que la joue ne vienne se coller contre la batterie. Sage précaution, puisque le camescope est livré avec une NP-77 relativement  encombrante (celle-ci procure, dans les conditions les plus favorables, une cinquantaine de minutes d’autonomie). Regroupées autour de l’écran à cristaux liquides, les fonctions de prise de vues sont classées par spécialité. De gauche à droite, les réglages manuels du diaphragme (Iris), de la mise au point (Focus), de la balance des blancs (Wht bal), de la sensibilité (Sens) et des vitesses rapides d’obturation (Shutter speed), seront neutralisés en position Autolock. Plus bas, une deuxième rangée de touches incluant le système d’indexation, la mise au point assistée (Push auto), la mémorisation de la balance des blancs et le fondu au blanc. Tout à fait à droite de l’écran vient la section consacrée à l’incrustation numérique, avec deux pages de titres, mémorisation et sélection des couleurs. Sur ce point, la configuration demeure identique à celle du CCD V-88 avec huit teintes disponibles, inversion des couleurs et scrolling enchaîné sur les deux pages de titres, du bas vers le haut. De part et d’autre de l’écran, on trouvera les réglages de date et d’heure, la remise à zéro du compteur (en temps réel) et sa mémorisation.

Restitution des couleurs

Enfin, au-dessus du boîtier « trône » la fonction Edit Search qui, en mode de pause à l’enregistrement, procède au contrôle avant/arrière des images. Cette touche à bascule côtoie l’interrupteur d’alimentation, le sélecteur « enregistrement/lecture » et la commande motorisée du macro-zoom.

Sony CCD-V900

La section « magnétoscope » fait apparaître d’un côté les modes de défilement de la bande (lecture, avance rapide, rebobinage, arrêt, pause), de l’autre les modes de lecture (ralenti et image par image), les commandes d’indexation et le correcteur des signaux en copie (Edit). Sous la touche Eject, un volet basculant cache les prises de sortie. Les Cinch véhiculent les signaux audio en mono et vidéo composites ; les « S » accueillant exclusivement les signaux vidéo en composantes séparées Y/C. C’est ce connecteur qu’il faut utiliser en priorité lors d’une numérisation Hi8 afin de bénéficier de la meilleures qualité d’image. Comme le S-VHS, le Hi-8 traite séparément les signaux de luminance et de chrominance en présence d’une bande du format. Ainsi les cassettes vidéo de type « ME » (métal évaporé) commutent-elles le V-900 en mode Hi-8 lorsque le sélecteur de format est placé sur Auto. Pour enregistrer en V-8 sur bande ME, il convient de basculer ce même sélecteur sur OFF. L’emploi d’une cassette standard « MP » (à particules de métal) ne pose aucun inconvénient, l’appareil s’adaptant aussitôt à la lecture ou à l’enregistrement de signaux composites sans aucune intervention de la part de l’utilisateur.

Dans tous les cas de figure, l’image saura tirer le meilleur parti du capteur CCD. En l’occurrence Sony a amélioré la formule de base des CCD V-200, V-90, V-88 et V-95 soit un modèle 2/3 de pouce à haute résolution de 495.000 pixels. Toutefois si la répartition des points/image demeure identique, soit 756 (H) × 581 (V) = 439.236 pixels « utiles », la composition du filtre de couleurs, elle, se trouve modifiée. Aux bandes verticales des trois couleurs complémentaires jaune, vert et cyan succède une structure croisée : jaune, cyan + magenta, vert + jaune, cyan + vert, magenta. La définition horizontale s’en trouve améliorée avec 450 points/ligne en sortie de caméra ! Autre conséquence, la fidélité des couleurs restituée dépasse tous les résultats connus à ce jour.

Fonction magnétoscope Sony CCD-V900

Inutile de dire que le reste suit en qualité : taux de moirage ridicule, effet de structure inexistant, peu ou pas d’effet « smear » ou de saturation dans les hautes lumières. Bref, un capteur de grande classe qui affiche une sensibilité telle que 5 lux lui suffisent pour obtenir des images exploitables. Il est vrai que l’optique ouvre à f/ 1,4. Il faut cependant mettre en œuvre la commande de gain (touche Sens).

Un record de définition

Cette manœuvre entraîne, et c’est normal, une légère diminution du rapport signal/ bruit. Conséquence : les images trop sombres gagnent en lumière. En amplifiant les seuls signaux des scènes peu éclairées, le risque de saturation en haute lumière disparaît. En outre, on conserve un rapport signal/ bruit optimal dans les conditions normales de prise de vues, c’est-à-dire entre 150 et 1000 lux.

fonction caméra Sony CCD-V900

Compte tenu de ses performances remarquables le Sony CCD V-900 se démarque nettement des autres camescopes du format. En mode Hi-8 la définition des images dépasse les 400 points/ligne (420 très précisément). En mode 8 traditionnel elle retombe à 250 points/ ligne. En revanche, lorsqu’on utilise le CCD V-900 en mode « mixte » (enregistrement/lecture en Hi-8 et sortie des signaux en composite par la prise cinch du camescope), les résultats diffèrent sensiblement. On obtient alors des images dont la définition horizontale frôle les 330 points/lignes, soit la résolution d’un excellent téléviseur classique. Seul un téléviseur équipé de la prise « S » pourra restituer les 420 points/ lignes de définition horizontale autorisés par le Sony CCD V-900.

Une ombre vient cependant entacher ce panorama idyllique. Il s’agit de la section audio. Comment à une image aussi élaborée peut-on se contenter d’associer un son en mono ? Sur ce terrain, le Canon A1-Hi fait mieux… Etonnant de la part de Sony qui avait concocté pour sa V-200 un son PCM autrement plus complexe qu’une simple stéréo en modulation de fréquence. La V-200 avait aussi le mérite de proposer le doublage audio. Dans ce domaine, aussi, le V-900 n’est pas à la hauteur de bien de ses concurrents en S-VHS.

Son mono et recherche de séquences

Pour compenser cette lacune, Sony a quand même juger bon d’équiper son camescope d’un micro à double capsule. Un modèle très performant qui se commute à volonté sur une position directionnelle (Wind : limite le registre des graves) ou omnidirectionnelle (position Hifi : ne pensez pas son hi-fi mais réponse en fréquence étendue).

La réelle nouveauté, nous l’avons déniché ailleurs, précisément dans le système d’indexation. Celui-ci peut retenir un maximum de 99 séquences, extraites à la prise de vues ou en lecture. Leur marquage s’inscrit sur l’une des deux pistes linéaires encore vierges situées en haut et en bas de la bande magnétique.

Le déroulement des opérations peut être suivi dans le viseur électronique où s’affiche à chaque signal enregistré la mention index mark. Cette pose du signal n’est pas définitive ; chacun pouvant en effet être effacé isolément (touche erase), sans aucune incidence sur les manipulations précédentes.

La recherche de séquence peut s’effectuer soit à partir du mode de pause, soit en lecture et cela à vitesse rapide. Dans ce second cas seulement il y a possibilité de contrôle visuel, à vitesse accélérée (1 seconde). En lecture, la pose du point d’indexation dure 12 secondes, laps de temps pendant lequel le son est interrompu et où un bandeau noir apparaît en bas de l’image. Ne pensez pas pour autant qu’à cet instant l’image et le son subissent le moindre dommage. Enfin, en dépit des recommandations de la notice (en page 48), un intervalle de 30 secondes entre deux signaux d’indexation suffit pour assurer le bon fonctionnement du dispositif de repérage. Le fabricant s’octroie, semble-t-il, une très confortable marge de sécurité.

Titrage Sony CCD-V900
Le V-900 perfectionne le système de titrage inaugure avec la V-50. Deux titres peuvent être mémorisés en huit couleur, avec déroulement horizontal.

La Sony CCD V-900 nous met en présence d’un macro-zoom 11-88 mm à ouverture maximale f/1,4. Sa mise au point, débrayable en manuel, est assurée par un autofocus TCL, autrement dit à détection de contraste. Son comportement (en rapidité et précision) se montre plus que satisfaisant ; preuve, si besoin est, que des progrès peuvent encore être accomplis en la matière. Mais si La zone de mise au point automatique, un rectangle situé au centre de l’image, cède la place, en manuel, à un petit carré blanc. L’on pourra, à tout moment, demander l’assistance momentanée de l’autofocus en actionnant la touche push auto. Le viseur électronique est quand à lui fort riche en informations : aucun mode ou réglage ne manque. Y figure même l’index d’ouverture du diaphragme manuel. Celui-ci apparaît sous la forme d’un curseur qui se déplace verticalement sur la gauche de l’écran de visée. Il voisine avec l’affichage des vitesses d’obturation rapides, dont la plus élevée atteint le 1/10.000 s. De quoi geler les mouvements soumis aux plus grandes accélérations.

Grâce au tambour d’analyse et à sa tête double azimut, l’arrêt sur image, le ralenti et l’avance image par image rivalisent en perfection. Pour peu que le « tracking » (touches slow/still) ait été convenablement ajusté, nous ne dénonçons aucun bruit, aucune saute d’image. Enfin puisque l’on parle du tambour, difficile de ne pas mentionner les têtes TSS (Title Sendust Sputtered). Leur conception totalement nouvelle mise sur un entrefer à la finesse extrême, capable de lire des signaux vidéo dont la longueur d’onde est inférieure à 0,5 micron. Associées aux bandes magnétiques ME, elles assurent une qualité de définition horizontale incomparable… la question demeure : jusqu’à quand ?

Caractéristiques Sony CCD-V900

Section caméra

  • Capteur CCD : 2/3 pouce – 495.000 pixels (total)
  • Objectif: Macro-zoom × 8 – 11-88 mm f/ 1,4
  • Mise au point : Automatique (TCL) et manuelle
  • Sensibilité : 5 lux
  • Obturateur : 1/50 s, 1/ 120 s, 1/250 s, 1/1.000 s, 1/2.000 s, 1/4.000 s, 1/ 10.000 s
  • Viseur : Electronique 0,7 pouce – Orientable et coulissant-Affichage

Section magnétoscope

  • Format : Hi-8
  • Standard : PAL
  • Vitesse de défilement : SP : 2,005 cm/s – LP : 1,005 cm/s
  • Réponse audio : 40-15.000 Hz (mono)
  • Sorties audio/vidéo : Prise « S » et prises Cinch
  • Dimensions (H × P × L) : 12,6 × 13,6 × 35,2 cm
  • Poids : 1,55 kg (sans batterie), 1,85 kg (avec batterie NP-77)
  • Autres fonctions : Incrustation numérique – Scrolling – Indexation de séquences – Insertion automatique – Balance des blancs mémorisable
  • Prix indicatif : 16.000F (2.439 €)

Les plus

  • La superbe définition des images
  • La remarquable fidélité de restitution des couleurs
  • L’indifférence à l’effet « smear »
  • L’insensibilité à la saturation
  • L’efficacité de la balance des blancs
  • Le bon comportement de l’autofocus
  • La commande manuelle de diaphragme
  • Le système d’incrustation numérique
  • L’amplification d’appoint pour les signaux vidéo
  • Les possibilités du dispositif d’indexation
  • La conception du microphone intégré
  • La douceur et la rapidité du mécanisme de chargement
  • Les très nombreuses informations dans le viseur
  • La qualité de l’arrêt sur image
  • La gamme des vitesses d’obturation rapides
  • L’écran de contrôle à cristaux liquides
  • L’affichage des données sur le téléviseur de contrôle
  • La commande du macro-zoom à vitesse variable
  • L’insertion de séquences automatique
  • Le correcteur de contours en mode copie
  • La batterie longue durée si livrée

Les moins

  • L’enregistrement des signaux audio en monophonie
  • L’impossibilité de procéder à une postsonorisation
  • L’absence de retardateur et d’intervallomètre
  • L’ appel séquentiel de certains réglages

Les bandes au métal évaporé

L’atout de ce camescope réside dans l’utilisation de nouvelles cassettes conçues spécialement pour le format Hi-8, qui conjuguent les avantages du 8 mm et une qualité d’image inégale. Le secret, c’est une très grande densité d’enregistrement des informations sur la bande vidéo. La longueur d’onde a été ramenée de 0,7 micron à 0,49 micron, ce qui permet de ré-hausser la crête des blancs qui atteint 7,7 MHz, tandis que la déviation de fréquence est passée de 1,2 MHz à 2 MHz. Résultats : la résolution de 400 lignes et un rapport signal/bruit qui frôle la qualité broadcast.

Pour enregistrer une telle densité d’information, la bande ME – « métal évaporé » – a nécessité un processus de fabrication entièrement nouveau. A l’intérieur d’un compartiment sous vide, un canon à électrons bombarde le matériau magnétique, l’amène à une température de plusieurs milliers de degrés et provoque son évaporation. La vapeur ainsi formée vient se déposer sous la forme d’une couche d’alliage de métal de 0,2 micron d’épaisseur sur le support de base. La composition de la couche magnétique accède dans ces conditions à une densité de particules métalliques jamais atteinte jusqu’ici.

Le matériau magnétique lui-même est nouveau. Constitué de particules ultrafines en alliage de cobalt, il possède une grande stabilité physique et chimique. Avant le processus d’évaporation, le film-base est soumis à deux traitements, l’un nettoyant la surface des impuretés, l’autre réduisant les pertes d’espacement. Grâce à cette technologie ultrasophistiquée, le rapport signal/bruit augmente de 5 dB, la rémanence et la coercivité sont portées à 3.700 gauss et 11.050 œrsteds, rendant possible la réalisation d’enregistrement de très haute densité.

Sony a développé par ailleurs une nouvelle coquille à double protection antistatique pour protéger la qualité des cassettes Hi-8 disponibles en 30, 60 et 90 minutes (mode SP).

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