Après des études d’ingénieur mécanicien à l’école Bréguet, Marcel Beaulieu (1908-1985) entre chez Continsouza, qui fabrique les caméras Pathé, puis chez Gaumont où il met au point les premiers projecteurs sonores 35 mm. Mais c’est entre 1940 et 1945, pendant l’Occupation qu’il imaginera sa future caméra. En 1947, en entrant chez ETM, il conçoit cette première caméra 16mm à tourelle : l’ETM-16.
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La caméra aura un tel succès auprès des amateurs et de certains professionnels, que Marcel Beaulieu et un des ses collaborateurs pourront acquérir 50% des titres de la société ETM.
L’entreprise devient alors le Groupement Industriel Cinématographique (GIC). Mais en 1950, floué par son associé, il se retrouve dépossédé de la propriété de ses créations.
Il décide alors de fonder sa propre entreprise, et s’installe début 1951 dans un modeste pavillon de l’avenue Salengro à Champigny sur Marne, puis dans un petit atelier à Fontenay sous Bois, où son SAV subsistera longtemps. Fort de son expérience acquise en format 16mm, il crée la première «Beaulieu», la M16 puis la M9,5. Les «8» et «T8» seront proposées au marché du 8mm dès 1953. L’effectif est alors de 10 personnes.
En 1955, son fils Jacques, agé de 20 ans, entre dans l’entreprise familiale. Il en devient le directeur technique en 1970, puis succédant à son père, PDG en 1978.
Claude Monteil, son ami d’enfance, le rejoint à Fontenay. Engagé comme monteur en 1956, il accédera vers 1980 à la direction générale.
Enfin, Claude Mériau, entre au bureau d’étude comme responsable de projet en 1959. Il sera entre autre à l’origine du choix des composants plastiques dans les Beaulieu.
Ces trois hommes, guidés par le génie mécanique doublé du sens esthétique inné de Marcel Beaulieu, créeront les meilleures et plus belles caméras cinématographiques de l’histoire du cinéma amateur français.
En 1960, Marcel Beaulieu inaugure au 17 rue des Capucins à Romorantin, une usine de 2050M2 qui accueillera jusqu’à 270 employés (dont quelques uns ont déjà 10 ans de maison) et produira jusqu’à 1250 caméras par mois dans les années 1970/1975, avec une tolérance de fabrication de seulement 5 microns.
Chaque caméra prête à la livraison passait entre les mains expertes de Jean Bornet, qui réalisait «un bout de film test» décisif sur une mire à 2M. Le «O» faute étant exigé.
Les caméras Beaulieu seront successivement distribuées par Photo Plait (quelques mois), puis France Photo (de 1951 à 1956) et enfin Brandt Frères (futur importateur Nikon) qui devient agent exclusif pour le monde entier à partir de janvier 1957.
L’année suivante apparaît la R16, première caméra reflex 16mm à image redressée au monde. Elle sera, à travers ses évolutions, livrée jusqu’en 1986.
En 1972, le voyage du président Nixon en Chine sera intégralement couvert avec une caméra Beaulieu «News 16», première caméra au monde se portant sur l’épaule. Une solution qui fera école. La même année Marcel Beaulieu sera fait chevalier de la Légion d’Honneur.
Mais le déferlement soudain des caméras vidéo japonaises sur le marché amateur aura rapidement raison du cinéma argentique. Aussi, comme bien d’autres, l’entreprise est-elle en difficulté dès le début des années quatre-vingts. Elle ferme ses portes en 1983.
Elle est reprise en 1984 par une nouvelle équipe, avec à sa tête M. Ferras, PDG. Sous le nom de «Beaulieu Industrie», elle poursuivra la fabrication de caméras, de projecteurs, de caméscopes et matériel de surveillance vidéo au 17 rue des Capucins. Bien qu’absentes des catalogues photo-ciné depuis 1988, les Beaulieu seront toujours construites, certes en quantités limitées mais largement exportées. En particulier en Allemagne.
En 1994, l’entreprise est liquidée, et la totalité des pièces détachées sera rachetée par le distributeur allemand Ritter.
Le 4 mai 2007, à l’occasion de l’exposition de la collection «Beaulieu» de W. Franceschi (2) , la salle des expositions temporaires du Musée Matra de Romorantin a été baptisée Salle Marcel Beaulieu.
Cette caméra 16mm mécanique possède un boitier en aluminium moulé. La finition est givrée, champagne, brun, brun-rouge ou gris-vert. Elle accepte les bobines de films 16 mm de 15 ou de 30 M, qu’il faudra charger manuellement.
La Beaulieu M16 est entièrement manuelle. Elle dispose d’un remontoire à clef situé sur sa partie droite, elle est déjà sophistiquée pour l’époque : nombreuses cadences de prises de vue, marche arrière avec manivelle, monture vissante permettant de modifier l’objectif de base, un SOM Berthiot CINOR 1:1.9 – 25mm.
Le viseur optique trifocale est à correction de parallaxe pour les prises de vue rapprochées et affiche un cadre le 75mm et la lentille interne de l’Hyper Cinor.
Parfois trouvé sous l’appellation C16 ou S16 à partir de 1952, cette caméra apparait en 1951 à la création de l’entreprise et sera fabriquée jusqu’en 1958.
La Beaulieu T16 reprend la base de la M16 mais doté d’une tourelle à deux objectifs. Cette caméra 16mm sortie en 1952 est équipée d’un objectif de 12,5mm et d’un téléobjectif de 75mm avec monture de type « c ». Le viseur est à focale variable.
Le déclencheur est déporté sur le coté et l’appareil est doté d’une prise pour déclencheur souple. La caméra peut être équipée d’une poignée révolver en option. L’entrainement mécanique à ressort est remonté avec la clef se trouvant sur le coté droit de la caméra et la marche arrière s’actionne à l’aide d’une manivelle en option. De nombreuses vitesses de prises de vue, avec notamment le 24 images/seconde, ainsi que la prise de vue image par image sont disponibles.
Cette caméra 9.5mm est identique à la Beaulieu M16 à l’exception de l’objectif.
Cette caméra 9.5mm mécanique est basée sur un boitier en aluminium moulé. La couleur du boitier est givrée champagne, brun ou gris-vert.
La Beaulieu M 9.5 est manuelle. Elle est doté de nombreuse sophistication pour l’époque : plusieurs vitesses de prises de vue, vue par vue, marche arrière avec manivelle, monture vissante type « c » afin de changer l’objectif de base, un SOM Berthiot CINOR f/1.9 – 20mm et viseur focale à fixe avec correcteur de parallaxe.
La mise au point manuelle s’effectue en tournant la bague de l’objectif et le viseur externe à focale fixe affiche un cadre télé et un correcteur de parralaxe pour les prises de vue à courte distance. Comme à l’accoutumée chez Beaulieu, la caméra propose un large choix de vitesse de prise de vue.
La Beaulieu T 9.5 est une caméra 9.5 mm équipée d’une tourelle à deux objectifs. Cette caméra sortie en 1952 est équipée d’un objectif de 20mm et d’un téléobjectif de 75mm. Le viseur à focale variable est équipé d’un correcteur de parallaxe.
Déporté sur le coté, le déclencheur de l’appareil est doté d’une prise pour déclencheur souple pour l’utilisation du vue par vue. Cette caméra dispose d’un marche arrière qui s’actionne à l’aide d’une manivelle optionnelle. Une poignée révolver est également disponible en option. L’entrainement mécanique à ressort est remonté avec la clef se trouvant sur le coté droit de la caméra. Plusieurs vitesses de prises de vue sont possibles permettant la réalisation, entre autre, d’excellent ralentis.
La gamme de caméra 16mm Beaulieu est renouvelée en 1958 avec un nouveau modèle à visée reflex, la Beaulieu R 16.
Il s’agit d’un modèle emblématique de caméra Beaulieu car sa silhouette va inspirer les futures Beaulieu 8 mm et même jusqu’aux premières super 8.
Le marché du 16 mm est nécessairement limité par rapport à celui du 8 mm, pour une simple raison de coût sur laquelle il est inutile de s’étendre.
L’amateur de 16 mm n’est plus un profane. C’est en général un excellent photographe doublé d’un cinéaste chevronné. Ou bien c’est un amateur qui a déjà épuisé les possibilité, pourtant étendues, du format 8mm, ou bien c’est un professionnel de la caméra qui complète l’emploi du 35 mm par le recours partiel au plus pratique 16 mm.
Dans tous les cas Beaulieu s’adresse à une clientèle exigeante.
Disposé en permanence de trois objectifs a paru à Beaulieu nécessaire et suffisant. L’amateur manoeuvrera avec plaisir, d’une seule main, la tourelle circulaire qui, après une rotation rigoureuse, se bloque automatiquement quand l’objectif est en place.
Pendant cette rotation, ou une fois en place, la tourelle n’a absolument aucun jeu, ni latéral, ni axial.
Caractérisée par cette tourelle 3 objectifs en monture « C », la Beaulieu R 16 propose des caractéristiques la positonnant d’emblé en haut de gamme : plage de cadence de prise de vue étendue de 8 à 64 images/seconde, marche arrière intégrale et visée réflex.
La visée réflex revêt d’un choix technique sans compromis. Elle s’avère particulièrement lumineuse et permet l’utilisation au maximum du potentiel de toutes les focales.
La R 16 accepte les bobines de 15 ou 30 mètre permettant ainsi un peu de 3 minutes de prise de vue à 24 images par seconde.
En 1961, la Beaulieu R16 Reflex Control est lancée. Il s’agit d’un caméra 16mm Beaulieu R16 dotée d’une cellule CdS effectuant la mesure de lumière à travers l’objectif.
Dans sa version « Reflex Control », la Beaulieu R16 est la seule caméra 16 mm équipée d’une cellule incorporée dans le viseur réflexe. Elle est prévue pour recevoir des films 16mm de 10 à 400 ASA et sa tourelle à 3 objectifs peut être équipée de tous les objectifs de tirage 17,52 mm à focale fixe ou à focale variable.
Comme toute caméra Beaulieu qui se respecte elle permet la prise de vue à 6 vitesses différentes et toutes les vitesses intermédiaire, la prise de vue image par image, la pose illimité et la marche arrière permettant de réaliser des effets spéciaux.
Tout comme la R16 un moteur à entrainement électrique est proposé en option.
Le premier est la visée réflex ultra-lumineuse sur dépoli. Lorsque le caméraman met l’oeil au viseur de sa Beaulieu, il voit une image reflétée par un miroir sur un dépoli. Or ce dépoli, particulier à la visée réflexe Beaulieu, a la propriété de « fixer » les images comme en relief, lumineusement.
L’opérateur peut donc, à loisir, effectuer toutes ses recherches de cadrage, de mise au point, suivre et capter son sujet avec le maximum de « piqué »… ou, s’il le désire, créer un effet de flou au second plan de façon à donner plus de relief au sujet principal.
Le deuxième atout est aussi remarquable : c’est le système Reflex Control de la Beaulieu RC 16.
Dans des conditions difficiles d’éclairage, le cinéaste évalue l’intensité lumineuse, par routine… ou avec sa cellule. De toutes façons, ce seront des secondes précieuses – et peut-ètre la bonne scène à fllmer – qu’il va perdre pour régler son diaphragme.
Avec le système Reflex Control de la Beaulieu, plus de perte de temps à régler correctement le diaphragme : dans le viseur apparait une aiguille mobile qu’il suffit de maintenir sur son repère – par simple rotation de la bague d’ouverture du diaphragme…
Le caméraman peut travailler l’esprit libre, car il dispose de deux certitudes :
La Beaulieu R16 Automatic sort en 1965. Il s’agit d’une caméra 16mm à visée réflexe, évolution de la R16 avec un moteur électrique incorporé de 7,2 volts
Le réglage de l’exposition est automatique grâce à une cellule Gossens incorporée et au diaphragme asservi. La vitesse de prise de vue à régulation électronique va de 2 à 64 images par seconde. Un prise de son synchronisée est possible avec le dispositif synchro-pilote.
Le magasin de 60 mètres autorise des prises de vue de 5 minutes, mais il n’est pas possible d’utiliser la marche arrière.
Claude Lelouch, Jean-Luc Godard, François Reichenbach, et la plupart de ceux qui ont dévissé la caméra de son trépied pour créer une nouvelle écriture du cinéma se servent de la Beaulieu R 16 « Automatic « .
Louis Malle a tourné avec elle une partie de son film-témoignage Calcutta, gonflé en 35 mm pour la diffusion dans les salles, ce qui prouve le piqué de l’image Beaulieu.
Toujours prête à saisir l’événement, même dans les conditions les plus difficiles, elle est partout où se fait l’actualité avec les caméramen de télévision français et étrangers.
Au-delà du reportage, la Beaulieu R 16 « Automatic » a bien d’autres possibilités, elle sert le film industriel, scientifique, les sciences expérimentales, la recherche spatiale.
La caméra de reportage aussi maniable qu’une caméra amateur.
Ce fut un véritable évènement pour les cinéastes 16mm (reporter TV, cinéastes d’actualité, industriels, scientifiques, chasseurs d’images). L’étonnante maniabilité de la Beaulieu R16 Electric devait bouleverser la technique du « reportage sur le vif ». Le progrès de la miniaturisation et l’emploi de nouveaux matériaux ont permis de réaliser ce qui paraissait jusqu’alors impossible : une caméra 16 mm de volume et de poids réduits (2 kg – la R 16 est la plus légère du monde) possédant tous les perfectionnements techniques indispensables aux professionnels.
Quel que soit l’évènement à saisir et quelle qu’en soient les conditions de prise de vues, la Beaulieu se révèle bien « la caméra toutes situations ».
S’agit-il d’un reportage sonore ? Le moteur incorporé, « régulé » électroniquement par un tachymètre, assure une régularité de défilement absolue et un repérage rigoureux de la vitesse choisie, d’où la garantie d’une parfaite synchronisation du son et de l’image.
S’agit-il d’un reportage périlleux ? La R 16 peut se commander à distance par fil ou par radio.
S’agit-il d’un reportage particulièrement difficile ? Trop de lumière ou pas assez ? La visée réflexe ultra-lumineuse sur dépoli (qui a fait la réputation internationale de Beaulieu) donne une image « comme en relief » et une mise au point extrêmement précise… et l’exposition est contrôlable grâce à la cellule Gossen commandée par la bague des diaphragmes. Quant à la gamme des vitesses, elle s’échelonne de 2 à 64 images/seconde.
Dans le monde entier, chaque jour, tous les domaines du cinéma sont explorés avec des Beaulieu 16 mm, de la prise de vue classique à la micro ou macrocinématographie et à l’endoscopie.
Le moteur parfaitemnet régulé de la R16 Electric donne la possibilité de « faire du son ». La prise mécanique de son (1 tour par image) est destinée à recevoir un synchro-pilote – muni d’une tête de synchronisation – permet d’enregistrer simultanément le son et l’image avec une coïncidence parfaite.
Le film et la bande magnétique seront remis à un laboratoire spécialisé dans le montage des films sonores.
Fin 1965 la R16 Electric cèdera la place à la Beaulieu R16 Sync qui se distingue par l’absence d’un interrupteur à proximité du tachymètre et par l’absence d’un trappe pour chargeur de 120 m.
La Beaulieu R16 Autozooming, il s’agit d’une Beaulieu R16 Automatic équipée d’un système de zoom motorisé électriquement.
Cette caméra 16 mm est proposée en plusieurs versions :
Son entrainement électrique est régulé électroniquement et permet la captation de 2 à 64 images par seconde et dispose d’un interrupteur pour passer instantanément de 24 à 25 images par seconde.
Comme beaucoup de caméra Beaulieu est permet la prise de vue image par image ainsi que la marche arrière et de la fameuse visée réflexe chère à la marque.
L’exposition automatique est assurée par une cellule de Gossens positionnée derrière l’objectif, à condition que l’objectif sélectionné soit compatible avec le réglomatic Beaulieu.
En 1986, Beaulieu Industrie, qui a repris l’entreprise Beaulieu SA en 1983, sort une ultime caméra 16 mm. Basée sur la Beaulieu R16, la Beaulieu 2016 Quartz se voit doté de nombreux éléments électroniques. Le compteur métrique en centimètre et le compteur d’image sont à présent digitals.
L’affichage de l’exposition dans le viseur s’effectue par diode, ainsi que le témoin de défilement du film ou l’indicateur de charge.
Le moteur électrique est désormais incorporé à la caméra et elle accepte les bobines de 30 mètres, les magasins de 60 et 120 mètres de film autorisant ainsi plus de 10 minutes de films à 25 images par seconde.
Télévision oblige, un interrupteur permet de passer instantanément de 24 à 25 images par seconde.
La cellule CdS est désormais intégrée et les cadences vont de 4 à 80 images par seconde, plus la prise de vue image par image ainsi qu’une marche arrière temporisée. Un temporisateur à 5 position est également présent.
Il existe variante pour l’endoscopie également et comme à l’accoutumé les optiques sont montées sur monture « c », donc interchangeable.
Cette caméra 16 mm professionnelle prévu pour les bobines de 60 mètres sort en 1972. Elle accepte les bobines de 60 mètres directement dans son carénage gris foncé en dural au silicium, silencieux, étanche et tropicalisé.
La Beaulieu News 2016 est prévue pour la mobilité sans compromis sur la qualité des images et du son. Les trois ans de recherches nécessaires pour la création de cette caméra destinée aux opérateurs d’actualités ont permis le développement d’un appareil de prise de vue pouvant être utilisé par un seul opérateur escorté par un preneur de son si cela s’avère nécessaire.
Le prix de la caméra avec la platine « Single System » et l’ampli Beaulieu est de 33.000 F.
Le viseur, les batteries, le moteur et l’objectif son interchangeable. Cette Beaulieu sera fabriquée à environ 250 exemplaires.